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Est-ce que les bioplastiques sont préférables aux plastiques réguliers?

Nos experts Peter Gogolek et Jean-François Levasseur nous parlent de bioplastiques, soit des plastiques faits à partir de biomasses renouvelables telles que de la graisse et huile végétale, de la paille, et des copeaux. Est-ce que les bioplastiques sont effectivement préférables aux plastiques à base de pétrole? Écoutez ce balado pour découvrir la réponse.

Transcription

Joël Houle (Animateur) : Bonjour tout le monde et bienvenue à l’émission Demandez à RNCan, notre série de balados où l’on discute avec nos experts du travail qui se fait ici, à Ressources naturelles Canada (RNCan). Aujourd’hui, nous allons discuter des bioplastiques : que sont-ils, comment sont-ils différents des plastiques réguliers et quel type de recherche se fait ici, à RNCan? Avant de commencer, j’aimerais souligner que le balado se nomme Demandez à RNCan afin de recevoir vos questions. Le but de l’émission est de vous faire découvrir les activités scientifiques du Ministère. Alors, à la fin de l’épisode, si vous avez des questions sur le sujet abordé aujourd’hui, vous êtes invités à nous en faire part sur Twitter avec le mot clic #DemandezÀRNCan. C’est bon? Parfait, allons-y.

Nous avons deux experts avec nous aujourd’hui, le premier est le chercheur scientifique Peter Gogolek. Peter, ça va bien?

Peter Gogolek : Oui, ça va très bien.

Joël Houle : Vous travaillez avec le plastique, c’est bien ça?

Peter Gogolek : Oui. Parmi mes responsabilités, j’essaie de trouver de nouvelles méthodes de récupération d’énergie à partir des déchets plastiques.

Joël Houle : Alors j’imagine, si on veut se familiariser avec les bioplastiques, il nous devons mieux connaître les plastiques en général. Pouvez-vous nous expliquer que sont les plastiques?

Peter Gogolek : Les plastiques ne sont pas une invention humaine.  La nature nous a donné le premier plastique, le « caoutchouc naturel ». Le premier plastique entièrement synthétique au monde s'appelait la bakélite, inventé à New York en 1907 par Leo Baekeland.  C’est d’ailleurs lui qui a aussi inventé le terme « plastiques ». Aujourd’hui, nous considérons généralement les plastiques comme des matériaux constitués d'une large gamme de composés organiques synthétiques ou semi-synthétiques qui sont malléables et peuvent donc être moulés en objets solides.

Aujourd'hui, il existe littéralement des milliers de différents types de plastiques, chacun avec des rôles et des caractéristiques différentes. Un certain type de plastique peut empêcher l’air d’atteindre les aliments, un autre peut être transparent comme le verre, un autre étirer et rebondir, un autre peut emprisonner de l’air à l’intérieur, un autre arrêter une balle.

Bien que tous ces différents types de plastiques facilitent nos vies au quotidien, ils augmentent aussi la complexité de leur traitement une fois leur utilité dépassée. C’est l’une des raisons pour lesquelles on s’efforce de trouver de nouveaux moyens de les réutiliser ou de les recycler, ou même de développer de nouveaux plastiques dérivés de plantes pouvant facilement se biodégrader dans l’environnement. 

Joël Houle : Que sont les bioplastiques et comment sont-ils différents des plastiques réguliers?

Peter Gogolek : Les plastiques traditionnels sont fabriqués à partir d’hydrocarbures comme le gaz naturel ou l’huile pétrolière. Les bioplastiques, par contre, sont fabriqué à partir de biomasses renouvelables telles que l’huile végétale, l’amidon, la paille et le bois.

Joël Houle : Est-ce que les bioplastiques et les plastiques biodégradables sont la même chose?

Peter Gogolek : Beaucoup supposent et souvent à tort, que si un produit est fabriqué à partir de biomasse, il doit forcément être biodégradable. Il faut noter que l'utilisation de matières premières « bio » ne signifie pas nécessairement que le produit fini, plastique ou autre, sera biodégradable. Par exemple, le bioplastique appelé acide polylactique (film de paille pour l'agriculture PLA) est fabriqué avec des matières premières végétales et est considéré comme biodégradable dans des installations de compostage commerciales.

Le polyéthylène téréphtalate (PET, les bouteilles en plastique à usage unique) quant à lui, bien que fabriqué à partir de matières premières végétales n’est pas biodégradable. En d'autres termes, le « bio » dans bioplastiques ne signifie pas nécessairement biodégradable.

Joël Houle : Alors, est-ce que les bioplastiques sont meilleurs que les plastiques réguliers?

Peter Gogolek : Ce n’est malheureusement pas une question facile à répondre. Si vous produisez un bioplastique non biodégradable par un procédé nécessitant plus d'énergie qu'un plastique traditionnel, alors la réponse sera probablement non. Si, toutefois, des bioplastiques entièrement biodégradables pouvaient se développer, capables de remplacer des plastiques difficiles à recycler, ils pourraient présenter des avantages environnementaux importants.

Joël Houle : RNCan est-il impliqué dans la recherche sur les plastiques?

Peter Gogolek : RNCan participe depuis de nombreuses années à la recherche sur les plastiques. Le ministère essaie notamment de mettre au point de nouvelles méthodes de récupération de l’énergie à partir de déchets plastiques, et de mettre au point la prochaine génération de bioplastiques biodégradables. Je pense que RNCan continuera de faire des découvertes intéressantes au cours des prochaines années, alors restez à l’écoute.

Joël Houle : C’est super intéressant. Merci Peter.

Peter Gogolek : De rien!

Joël Houle : Notre deuxième invité est Jean François Levasseur, directeur de la Division de l’industrie, de l’innovation et des programmes autochtones au Service canadien des forêts (SCF). Jean-François, ça va bien?

Jean-François Levasseur : Oui, très bien, bonjour Joel.

Joël Houle : Bonjour. Est-ce que vous pourriez commencer par nous expliquer quel est le rôle du Service canadien des forêts pour supporter l’innovation dans l’industrie forestière?

Jean-François Levasseur : Oui, le SCF opère plusieurs programmes qui visent à supporter l’industrie dans son cheminement de transformation. Ce sont des programmes qui permettent de financer la recherche et le développement (R&D) pour la création de nouveaux produits émergeants dans le cadre la bio-économie forestière canadienne. Ce sont des opportunités pour nos acteurs forestiers de diversifier leurs revenus en créant de nouveaux produits à haute valeur ajoutée. Ceux-ci permettront de se diversifier des produits courants dans lesquels on retrouve des déclins de marché, tels que pour le papier journal.

Joël Houle : Les bioproduits comprennent aussi les bioplastiques, qui sera notre sujet d’intérêt dans ce balado. Est-ce que vous pouvez me donner un exemple de projet qui supporte la recherche et le développement des bioplastiques?

Jean-François Levasseur : Absolument. Les bioplastiques sont l’une des familles où l’on retrouve de nombreuses avancées dans le cadre de cet agenda plus large de développement des bioproduits. Par exemple, à Québec, la compagnie Bosk Bioproduits effectue des avancées notables dans la production d’un bioplastique créée à partir de résidus d’activités industrielles. On y produit, entre autre, des Polyhydroxyalcanoates (PHC) ainsi que d’autres bioproduits dans la même famille. Bosk Bioproduits travaille conjointement avec la compagnie de développement technologique Sigma Devtech, effectuant des avancées marquées dans ces types de projets en Amérique du Nord. C’est ici que nous entrons donc en jeu, car le Ministère finance l’Institut des matériaux, au Centre national de recherche de Boucherville, qui évalue les produits à préparer pour une éventuelle mise en marché. C’est un exemple parmi plusieurs, mais l’intérêt pour nous sera d’obtenir un produit à partir de biomasse résiduelle, comme des effluents d’industries papetière. On transforme donc un résidu en un produit recyclable à valeur hautement ajoutée. Évidemment, ce produit nécessite encore quelques avancées, mais demeure très prometteur.

Joël Houle : Très intéressant comme recherche! Retrouve-t-on beaucoup de recherche en ce qui a trait au bioplastique?

Jean-François Levasseur : Oui. C’est un domaine émergent pour tous les acteurs impliqués dans la production de bioproduits, autant au Canada que globalement. Notre recherche en particulier se concentre davantage sur les bioplastiques PHA, mais le côté agricole mène davantage des recherches vers le PLA (acide polyactique) et les PHB. On constate qu’il y a une effervescence autour de ces nouveaux matériaux, mais ceux-ci demeurent au stade de R&D. Il est important de mentionner que même dans notre cas, celui de l’industrie forestière, les bioplastiques ne représentent qu’une composante de la recherche effectuée. Il existe aussi des bio-composites évoluant très rapidement dans l’entièreté de l’industrie forestière, où l’on cherche à pouvoir transformer des fibres de bois en matériaux plus recyclables à l’aide de matrices de plastique. Ces nouvelles propriétés obtenues sont plus vertes et peuvent avoir des avantages sur le long terme. Il y a donc une course chez tous les acteurs dans le milieu dans le but de diversifier la famille complète des plastiques à l’aide de propriétés bio.

Joël Houle : Avec les PHA, PHB et PLH, je suis vraiment content qu’il n’y ait pas d’examen après la conversation! Du point de vue de Ressources naturelles Canada et du Gouvernement du Canada, qu’est-ce qui est fait afin d’encourager les projets portant sur les bioplastiques?

Jean-François Levasseur : C’est une bonne question et juste à point, puisqu’à Ressources Naturelles Canada nous avons décidé de développer un défi qui vise les bioplastiques, en collaboration avec nos collègues d’Agriculture et agroalimentaire Canada - qui ont eux aussi ont un produit en développement. Ce défi a comme but d’améliorer la biodégradabilité des bioplastiques, que nous allons produire à base de composantes d’agriculture ou forestières. En fait, ce sera une opportunité de stimuler l’innovation dans le secteur des ressources naturelles et de montrer le leadership que nous possédons. Dans les prochaines semaines, ce défi sera publié sur le site web du département de l’Innovation, de la science et du développement économique (ISDEC), où tous les défis du gouvernement fédéral sont publiés. Ce défi en particulier peut être considéré comme une réponse que RNCan émet pro activement dans le cadre des initiatives mises de l’avant par Environnement et changement climatique Canada depuis la conférence du G7, en juin. On vise, à l’aide de ce défi, à être en position de répondre entre autres à la « Charte Plastiques » y ayant été produite. Le défi financera et encouragera donc l’émergence des bioplastiques recyclables et biodégradables.

Joël Houle : Si nos auditeurs veulent avoir plus d’informations sur le défi en tant que tel, doivent-ils se rendre sur notre site internet ?

Jean-François Levasseur : En fait, je leur recommanderais de s’orienter vers le site internet de ISDEC, où une section complète est dédiée à la thématique de l’innovation en regroupant tous les défis. Le nôtre y sera affiché d’ici peu.  

Joël Houle : Parfait, merci beaucoup Jean-François!

Jean-François Levasseur : Merci!

Joël Houle : On arrive à la fin de l’émission, mais ça ne veut pas dire que le sujet est fermé. On vous invite à poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. Si vous avez des questions pour Peter et Jean-François ou des commentaires sur cet épisode, vous pouvez nous les adresser sur twitter accompagné du mot clé #DemandezÀRNCan.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les activités scientifiques de Ressources naturelles Canada, nous vous encourageons à visiter notre cybermagazine La science tout simplement. Vous y trouverez une masse d’information intéressante, incluant les épisodes précédents de notre balado, des articles et des vidéos. La page dédiée à cette émission contient des hyperliens afin de consulter d’autres ressources pertinentes au sujet des bioplastiques. Vous pouvez accéder à La science tout simplement directement à partir de notre site web: rncan.gc.ca ou en effectuant une recherche sur Google.

Si vous nous écoutez sur Apple podcast, Stitcher ou Soundcloud, nous vous invitons à vous abonner à notre émission pour prendre connaissance des épisodes antérieurs et futurs. Voilà ce qui conclut cet épisode de Demandez à RNCan. Merci de nous avoir écouté aujourd’hui et revenez-nous au prochain épisode.

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