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Gestion des forêts axée sur la martre

La martre d’Amérique (Martes americana), également désignée martre des pins, est un mammifère timide, de la famille de la belette, qui se trouve partout au Canada dans des forêts de conifères et des forêts mixtes. Sa fourrure de grande valeur fait de la martre un animal prisé depuis toujours par les trappeurs.

Une sous-espèce de la martre d’Amérique, la martre de Terre-Neuve (Martes americana atrata), est confinée à l’île de Terre-Neuve et à la péninsule du Labrador. En 2007, son statut a été modifié d’espèce en voie de disparition à espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral et de la Newfoundland and Labrador Endangered Species Act.

Il y a des lacunes dans ce que nous savons sur les effets à long terme des activités de foresterie sur les espèces fauniques, comme la martre, qui sont souvent utilisées comme indicateurs de l’intégrité de l’écosystème forestier. Nous savons que la martre évite les jeunes peuplements dans les forêts boréales; elle préfère généralement les forêts mûres et âgées, composées de conifères et d’un mélange d’autres essences. La recherche indique qu’il est plausible que la sylviculture intensive appauvrira l’habitat propice à la martre à court terme, en diminuant la présence de débris ligneux grossiers et d’arbres morts sur pied, des attributs d’habitat importants pour l’espèce. Les effets de la modification de la structure de la forêt, notamment des essences qui la composent, sont aussi une source de préoccupations.

Des chercheurs du Service canadien des forêts étudient la martre à Terre-Neuve et en Ontario dans le but de déterminer comment elles réagissent aux pratiques d’exploitation forestière. Cette recherche permettra aux gestionnaires des terres de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne les besoins de la martre en matière d’habitat.

Martre d’Amérique (Martes americana americana)

Dans le but de recueillir des données scientifiques sur les populations de martres dans des forêts aménagées et non aménagées, le Service canadien des forêts, le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario et l’Université de Guelph ont lancé, en 2000, une vaste étude sur le terrain. Les recherches ont été menées à deux endroits dans le Nord de l’Ontario, l’un situé près de Red Lake et l’autre, près de Kapuskasing, et ont pris fin en 2007. Chaque site équivalait à plusieurs milliers de kilomètres carrés couverts de forêts aménagées et de forêts non aménagées.

Martre d'Amérique munie d'un collier émetteur
Martre d'Amérique munie d'un collier émetteur

Plus de 100 individus, adultes, juvéniles, mâles et femelles, ont été capturés à l’aide de trappes appâtées. Leur poids, leur âge et leur sexe ont été notés et les chercheurs les ont munis de petits colliers dotés d’un émetteur radio. Des équipes qui se déplaçaient à pied, en camion, en motoneige ou en avion ont ensuite été en mesure de capter les signaux radio à des intervalles variant d’une journée à une semaine tout au long du projet. Les données ainsi obtenues ont servi à estimer les dimensions du domaine vital des mammifères et leur utilisation de l’habitat, de même que leur succès de chasse et de reproduction, la densité de la population, les taux de survie et la disponibilité de parcelles d’habitat, tant pour la martre que pour sa proie favorite, afin de mieux comprendre les mécanismes qui agissent sur les variations de populations.

Les chercheurs ont constaté que les martres des sites aménagés affichaient un état corporel moins bon et des taux de mortalité plus élevés chez les juvéniles, par rapport à celles des sites non aménagés, deux variables qui indiquent de la chasse moins efficace. Toutefois, les martres réagissaient de façon positive, quoiqu’elles étaient moins abondantes, dans les zones aménagées où des conifères avaient été replantés environ 50 ans auparavant, ce qui donne à penser que des travaux de sylviculture élémentaire peuvent éventuellement procurer un habitat favorable à la martre. Le piégeage commercial a aussi eu un effet sur les populations de martres. Elles risquaient davantage d’être capturées dans les forêts aménagées, ce qu’explique probablement en partie la plus grande densité des réseaux routiers qui facilitent l’accès aux trappeurs.

L’étude a révélé que les vieilles forêts semblaient constituer l’habitat le plus favorable à la survie de la martre dans les forêts boréales. Les forêts mûres en régénération sont également propices, dans une moindre mesure, au maintien des populations, mais seulement si le piégeage y est réglementé. Des forêts à large intervalle d’âges, réparties dans le paysage et comportant des superficies non coupées de diverses tailles, garantissent le mieux la probabilité de trouver des populations viables de martres, surtout lorsque la récolte de la fourrure et la récolte de bois sont toutes deux gérées en parallèle.

Les chercheurs ont aussi mis au point un modèle d’analyse de viabilité de la population (AVP), qui utilise des données sur l’habitat et la population pour prédire les effectifs de population de martres. Ce modèle trouvera son utilité dans l’estimation de la taille des futures populations, dans la détermination des stratégies de gestion forestière les plus efficaces qui rendent compatibles la coupe forestière et le maintien de populations viables de martres.

Martre de Terre-Neuve (Martes americana atrata)

Martre de Terre-Neuve (Martes americana atrata)
Martre de Terre-Neuve

La martre de Terre-Neuve est désignée comme espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral et de la Newfoundland and Labrador Endangered Species Act. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs du Service canadien des forêts, en partenariat avec la province de Terre-Neuve-et-Labrador, l’Université du Maine, le groupe responsable de la forêt modèle de l’Ouest de Terre‑Neuve et l’industrie forestière, étudient, par surveillance, la persistance de la martre dans l’île. Les premiers travaux visaient à comprendre comment les martres utilisaient les forêts de Terre-Neuve et pourquoi. En effet, même si elles avaient été protégées du piégeage commercial pendant des décennies, l’aire de répartition des populations était restée limitée à une portion de ce qu’elle était auparavant. Par la suite, les résultats de ces travaux de base ont été utilisés pour la mise au point d’un modèle prédictif de la qualité de l’habitat et d’évaluation des populations (modèle de la probabilité d’occupation par la martre). Le modèle serait utilisé pour la cartographie des habitats propres à l’espèce et l’évaluation d’habitats potentiels pour elle. Les planificateurs forestiers utilisent maintenant ce modèle pour mesurer de façon proactive les impacts potentiels des plans d’exploitation proposés sur la viabilité de la martre et pour gérer, à l’échelle du paysage, la disponibilité d’habitats pour ce mammifère.

À l’heure actuelle, le Service canadien des forêts mène un projet de recherche de suivi dans une zone d’étude située près de Corner Brook. Elle couvre une superficie de 617 km2, dont 51 % est désigné comme faisant partie de l’habitat essentiel de la martre en vertu de la Loi sur les espèces en péril. La société Corner Brook Pulp and Paper Limited récoltera le bois dans une portion de la zone d’étude sur une période de cinq ans dans le cadre de ses opérations annuelles.

Les chercheurs capturent des martres à l’aide de pièges à capture vivante durant des périodes de deux semaines en été, en automne et en hiver. Après les avoir examinées et pesées, ils déterminent leur sexe, leur injectent une étiquette à transpondeur passif intégré et les équipent d’un collier radio-émetteur. Les déplacements des martres sont ensuite surveillés de façon intensive à partir d’un hélicoptère, et l’emplacement précis de chaque observation est déterminé à l’aide d’un système de localisation GPS. Une fois qu’on a obtenu un nombre suffisant de points de localisation, on génère des cartes du territoire de chaque martre fréquentant la zone d’étude. Cette surveillance permet de recueillir des données sur la résidence, la survie des adultes, la survie des juvéniles en dispersion, les taux de mortalité par cause et l’utilisation que les animaux font de la forêt.

L’étude permet de faire une surveillance adaptative de la santé des populations de martres dans une zone soumise à la coupe de bois et d’amasser les données additionnelles requises pour modifier et évaluer le modèle prédictif d’occupation par la martre actuellement utilisé dans la province et les données de terrain nécessaires à l’évaluation environnementale des plans d’exploitation proposés. Enfin, cette recherche permettra d’actualiser l’évaluation de l’habitat adéquat au rétablissement de la martre et orientera la gestion durable à long terme des paysages forestiers axée sur la conservation de la martre et l’exploitation forestière.

Personnes-ressources du Service canadien des forêts

Brian Hearn, Directeur Scientifique
Ian Thompson, Chercheur scientifique, écologire et biodiversité

 
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