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Tremblements de terre dans l’Est du Canada

Le Canada subit, en moyenne, plus de 4 000 tremblements de terre par année. Beaucoup de ces séismes se produisent dans l’Ouest canadien, mais l’Ontario, le Québec et les provinces de l’Atlantique subissent également leur lot d’événements sismiques. Dans cet épisode, nous parlerons à un sismologue qui a passé plus de 30 ans à étudier les tremblements de terre dans l’Est du Canada.

Transcription

Joël Houle

Voici un fait intéressant pour vous : le Canada subit, en moyenne, plus de 4 000 tremblements de terre par année. Bon, nous ressentons seulement environ 50 d’entre eux, mais quand même : 4 000! Beaucoup de ces séismes se produisent dans l’Ouest canadien, le long de la côte du Pacifique. Mais l’Ontario, le Québec et les provinces de l’Atlantique subissent également leur lot d’événements sismiques. Dans cet épisode, nous parlerons à un sismologue qui a passé plus de 30 ans à étudier les tremblements de terre dans l’est du Canada. Qu’est-ce qui cause les tremblements de terre? Quelle est la journée type d’un sismologue? Qu’est-ce qu’un sismologue? Restez à l’écoute pour le découvrir…

Joël Houle

Bienvenue à l’épisode numéro 40 du balado La science simplifiée! Je suis votre animateur, Joël Houle. C’est un plaisir pour nous de produire ces épisodes! De la part de toute l’équipe de La science simplifiée, merci pour votre soutien qui nous a permis d’atteindre 40 épisodes! N’oubliez pas de vous abonner à notre chaîne pour ne pas manquer les 40 prochains. Alors, pour répondre à la question posée au début de l’émission, qu’est-ce qu’un sismologue : « Les sismologues sont des scientifiques. Leurs recherches visent à interpréter la composition et les structures géologiques de la Terre. Dans le cas des tremblements de terre, les sismologues évaluent le danger potentiel et cherchent à réduire au minimum leur impact par l’amélioration des normes de construction. » Maintenant que nous sommes tous sur la même longueur d’onde, nous pouvons accueillir notre spécialiste, le sismologue Maurice Lamontagne.

Joël Houle

Notre invité aujourd’hui est Maurice Lamontagne, un sismologue reconnu qui a une passion pour la communication de la science. Alors vous voyez pourquoi il est l’un de nos favoris ici à La science simplifiée. Merci Maurice d’avoir pris le temps de jaser avec nous aujourd’hui.

Maurice Lamontagne

Ça me fait plaisir!

Joël Houle

 Alors, est-ce que tu peux commencer par te présenter à notre auditoire?

Maurice Lamontagne

Certainement! Je m’appelle Maurice Lamontagne et, pendant 37 ans, j’ai été sismologue à la Commission géologique du Canada. Mes tâches principales tournaient autour de la recherche sur les tremblements de terre intraplaque. Donc ce sont des tremblements de terre qui se produisent à l’intérieur des plaques tectoniques, comme ici, dans l’est du Canada. Dans un domaine intraplaque comme le nôtre, ce qu’on voit ce sont des tremblements de terre qui se produisent avec une fréquence plus basse que dans des zones comme autour du Pacifique, par exemple, où là, les plaques tectoniques jouent un grand rôle – donc ils ont une fréquence moins grande, mais lorsqu’ils surviennent, ça met en péril certaines installations plus vieilles. Et aussi, comme les gens ne pensent pas à la possibilité d’un tremblement de terre, souvent, les gens réagissent assez fortement lorsque ça se produit. Ils sont très surpris. Et puis pour eux, c’est vraiment quelque chose à quoi ils n’étaient absolument pas préparés.

Joël Houle

Un tremblement de terre se produit lorsqu’il y a deux plaques tectoniques qui poussent l’une contre l’autre. Alors ici, dans l’est du Canada, comment se produisent les tremblements de terre qui sont à l’intérieur des plaques?

Maurice Lamontagne

Même dans les milieux où il y a des plaques tectoniques, un tremblement de terre représente toujours un mouvement brusque le long d’une faille préexistante, donc une faille qui existe déjà. Le meilleur exemple est celui de la faille San Andreas en Californie, où on a deux plaques tectoniques qui sont séparées par la faille San Andreas. Dans l’est du Canada, c’est différent. On est à l’intérieur d’une plaque. Et cependant, étant donné que les roches sont très vieilles elles sont très fracturées. Et lorsqu’on pousse à l’intérieur de la croûte terrestre – lorsque les forces géologiques poussent – à ce moment-là, il y a souvent des relâchement d’énergie le long des failles qui existent déjà. Donc, l’idée principale est la même, sauf qu’ici au lieu que d’un côté ou l’autre d’une faille, ce soit des plaques tectoniques, dans notre cas, ce sont des roches différentes de part et d’autre de la faille.

Joël Houle

Alors c’est moins intense dans l’est du Canada qu’en Colombie-Britannique, plus ou moins?

Maurice Lamontagne

Disons que la magnitude maximum d’un tremblement de terre en Colombie-Britannique est beaucoup plus grande que ce que l’on voit dans l’est du Canada. Et la raison, c’est que lorsqu’on a deux plaques tectoniques qui glissent lors d’un tremblement de terre, c’est que la longueur de la faille sur laquelle se produit le mouvement est beaucoup plus grande, par exemple, dans une magnitude 8 ou même 9, comme on peut le voir sur la côte ouest. Dans l’est du Canada, les séismes sont de magnitude plus modérée. On a vu jusqu’à magnitude 7,2, par exemple, au sud de Terre-Neuve. Et à ce moment-là, ce sont des failles préexistantes et la longueur de la faille sur laquelle se produit le glissement est beaucoup plus faible que lors des très grands tremblements de terre où deux plaques tectoniques sont en action.

Joël Houle

C’est super intéressant. Il y a une question qui me vient toujours à l’idée quand je vois le travail que vous faites, toi et tes collègues. Je suis un peu curieux. Qu’est-ce qu’un sismologue fait comme travail de terrain? J’ai souvent vu sur vos médias sociaux ou dans des articles, même ici dans La science simplifiée, que vous allez sur le terrain suite à un tremblement de terre. Quel genre de travail de terrain est-ce que vous faites dans des situations comme ça?

Maurice Lamontagne

D’accord. On va aller sur le terrain lorsqu’on a un tremblement de terre qui est d’intérêt. Par exemple si c’est une magnitude 6 ou plus, c’est presque assuré qu’on va aller sur le terrain. Et quand on dit sur le terrain, c’est-à-dire qu’on va installer des appareils supplémentaires, des sismographes, à proximité de la source du tremblement de terre. Pourquoi est-ce qu’on fait ça? C’est qu’ici dans l’est du Canada, les stations, c’est-à-dire les sismographes et stations sismographiques, sont parfois distants de plusieurs centaines de kilomètres. Et puis, il y a certains types d’études des tremblements de terre qui nécessitent d’être plus près de la source. Alors, quand arrive une magnitude 6, on va aller sur le terrain le plus rapidement possible, pour enregistrer ce qu’on appelle les répliques sismiques. Et des répliques, ce sont des séismes de magnitude généralement plus faible que le séisme principal et qui se produisent suivant un tremblement de terre de magnitude modérée, disons de magnitude 5, 6, etc. Et à ce moment-là, en enregistrant ces répliques-là, on va connaître mieux le domaine géologique dans lequel elles se sont produites. On va pouvoir localiser ces répliques-là, non seulement sur une carte, mais aussi même on va obtenir la profondeur et possiblement même on va pouvoir cartographier la faille qui était active lors du tremblement de terre principal. En plus, quand on est sur le terrain, on pourrait voir s’il y a, par exemple, des déformations dues aux tremblements de terre même. Et puis, naturellement, on pourrait aussi, si c’était près d’une zone urbaine, on serait accompagnés d’ingénieurs qui constateraient les dommages aux édifices. Et finalement, il y a là aussi la partie communication auprès du public pour expliquer ce qui s’est passé et -ce qui pourrait se produire dans les jours et les semaines suivant le tremblement de terre modéré à fort.

Joël Houle

Quels sont les moments les plus mémorables de ton travail de terrain?

Maurice Lamontagne

Lorsqu’un tremblement de terre se produit dans des zones isolées – par exemple dans les montagnes Rocheuses, comme j’ai eu à faire en 1985, ou dans le Nord du Québec en 1989 – à ce moment-là, c’est intéressant d’aller sur le terrain parce que ce sont des endroits uniques. On voyage, par exemple en hélicoptère, pour accéder au terrain. Je garde de très beaux souvenirs de ces levés de terrain-là. Dans des endroits isolés auxquels très peu d’entre nous peuvent aller en payant de leur poche. Moi, j’avais la chance de travailler et puis de voir des endroits vraiment uniques. D’autre part, j’ai eu affaire aussi à des tremblements de terre qui se sont produits près de zones habitées : en 1988 au Saguenay, en 97 à Cap-Rouge, dans la région de Québec. Et à ce moment-là, lorsqu’on va sur le terrain pour installer nos appareils, il y a une bonne partie de notre travail qui consiste à renseigner le public, à parler aux journalistes, aux médias. Et c’est une partie de mon travail qui m’intéresse aussi. Et puis, nous, comme sismologues, naturellement, on s’intéresse d’abord à la partie scientifique, mais la partie communication est aussi très importante parce que les tremblements de terre arrivent peu fréquemment dans l’est du Canada. Alors il y a beaucoup de questions qui sont soulevées. Et puis, comme c’est notre spécialité, c’est nous qui sommes les mieux aptes à répondre à ces questions.

Joël Houle

Alors quels sont les défis de communiquer la science des tremblements de terre?

Maurice Lamontagne

Un des grands enjeux, c’est que les gens sous-estiment le potentiel de tremblement de terre dans l’est du Canada. Comme on ne peut pas prédire les tremblements de terre (personne ne peut dire le jour ou l’heure où un tremblement de terre va se produire), les gens sont très surpris lorsque ça se produit. Et souvent parce qu’ils n’ont jamais pensé à cette éventualité-là, ils ne sauront pas quoi faire. Et puis, ils sont peut-être plus sujets à écouter des rumeurs ou avoir des conceptions erronées sur ce qu’il faut faire. Alors je vais vous donner un exemple. Lorsqu’ils ont fait un sondage auprès de la population au Québec à savoir qu’est-ce qu’on faisait lors d’un tremblement de terre, il y en a une bonne partie, je pense 30 %, qui voulaient aller dans le cadre d’une porte – alors qu’il ne faut pas faire ça. Il y avait une quinzaine de pour cent qui disaient qu’il fallait aller dans le sous-sol, alors que le sous-sol c’est s’il y a une tornade, par exemple. Alors il y a un peu de confusion dans la tête des gens parce que ça arrive si peu fréquemment. Dans mes communications auprès du public, j’essaie d’amener les gens à penser à cette éventualité-là pour savoir quoi faire, si jamais ça survenait. Et puis aussi, peut-être, avoir une petite trousse de tremblement de terre pour être autonome pour à peu près 72 heures après un événement imprévu. Parce que souvent, lorsque qu’il y a un tremblement de terre, même si la maison a bien résisté, si vous avez par exemple un bris de cheminée, ça peut impliquer que vous ne pourrez pas chauffer votre maison. Et en plus, il pourrait y avoir une panne d’électricité. Et à ce moment-là, ça complique le tout.

Joël Houle

C’est un très bon point concernant ce que l’on doit faire durant un tremblement de terre. Moi, j’ai toujours pensé que tu étais supposé d’aller dans un cadre de porte. Alors, qu’est-ce qu’on doit faire lorsqu’il y a un tremblement de terre?

Maurice Lamontagne

Oui, c’est ça. Autrefois, on parlait de cadres de porte. On a vu cela pendant des décennies. Parce que historiquement, lorsqu’il y avait un tremblement de terre dans les régions plus chaudes, c’était souvent des maisons en torchis, comme on appelait. Donc c’est des briques de paille avec de l’argile. Et puis avec ça, la seule chose qui résistait lors du tremblement de terre, c’était le cadre des portes. Alors les gens ont pensé, pendant longtemps on l’a cru, que le cadre de porte était la seule chose qui résistait. Mais on sait maintenant que dans nos maisons ici dans l’est du Canada, les cadres de portes ne sont pas plus forts que le reste des murs, qui sont comme vous le savez assez légers de nos jours. On sait que de nos jours, si on sent des vibrations intenses, il faut se réfugier sous un bureau ou une table solide. Et puis agripper une des pattes de la table parce que souvent, lorsque les vibrations sont fortes, la table pourrait bouger. La chose à éviter, c’est de se mettre à courir parce qu’à ce moment-là, vous pouvez trébucher ou vous faire mal. Et souvent, dans des tremblements de terre modérés, les blessures sont dues au fait que les gens ont essayé de courir, ont trébuché. Parce que souvent en plus, les tremblements de terre peuvent survenir la nuit. Ce qui fait que les gens ne voient pas, trébuchent et se font mal. Alors que s’ils étaient plus calmes, se réfugiaient sous un bureau ou une table solide, à ce moment-là, si une partie du plafond se détache, ça va tomber sur la table en évitant des blessures.

Joël Houle

Merci Maurice pour la leçon. Il y a eu un tremblement de terre majeur en Haïti en 2010. Je m’en souviens parce que je venais tout juste de commencer à travailler à RNCan. Et puis, c’est la première fois que j’ai vu des photos de toi et tes collègues faire du travail de terrain. Alors normalement, toi, tu travailles au Canada, alors je me suis toujours demandé quel genre de soutien vous avez offert à Haïti durant ou après le tremblement de terre de 2010?

Maurice Lamontagne

Tout d’abord, tu as tout à fait raison que c’était une première pour notre groupe d’aller dans un autre pays, parce que notre mandat c’est vraiment pour le territoire canadien. Cependant, comme il n’y avait pas de réseau sismographique en tant que tel en Haïti, le groupe, avec l’aide d’Affaires mondiales Canada, on a pris l’initiative d’aller installer des sismographes là-bas. Et en plus, j’ai accompagné l’équipe parce que les gens de l’ambassade du Canada avaient besoin d’en connaitre plus sur les tremblements de terre, de savoir qu’est-ce qui s’était passé et qu’est-ce qui pourrait survenir. Parce que l’ambassade canadienne là-bas avait quand même 75 employés d’origine haïtienne. Et ceux-ci, souvent par crainte de répliques sismiques, dormaient très mal. Parfois ils dormaient à l’extérieur. Ce qui fait que l’ambassadeur du Canada en Haïti avait demandé si on pouvait faire des présentations. Quand je suis allé là-bas, j’ai fait quatre présentations, dont une à l’ambassade canadienne, pour expliquer ce qu’étaient les tremblements de terre et ce qui pourrait survenir lorsqu’il y aurait des répliques sismiques. Alors je crois que ç’a eu une note positive pour ces gens-là parce qu’à l’époque il y avait énormément de rumeurs qui circulaient à propos de la nature du tremblement de terre, mais aussi de ce qui pourrait survenir. La grande difficulté là-bas naturellement c’est que les normes de construction sont soit absentes, soit minimales. Donc ce qu’on dit ici aux gens – rester à l’intérieur, se réfugier sous un bureau ou une table solide –, là-bas, les gens ne croyaient pas que c’était la bonne chose à faire. Ils voulaient vraiment évacuer l’édifice le plus rapidement possible. Malheureusement, là-bas, quand il y a eu le tremblement de terre de magnitude 7, les vibrations étaient tellement intenses que les gens ne pouvaient même pas marcher pour courir à l’extérieur. Ce qui fait que beaucoup de gens ont été tués lorsque l’édifice, ou une partie du plafond fait de blocs de béton, s’est écrasé sur eux. Dans une de mes conférences, il y avait une dame qui était là. Elle a eu la présence d’esprit de prendre sa bouteille d’eau, se réfugier sous son bureau. Et ils l’ont trouvée 24 heures plus tard, en-dessous des ruines de l’édifice. Ça montre l’importance de se réfugier sous un bureau, une table solide. C’est ça qui pourrait vous sauver la vie lorsqu’arrive un tremblement de terre.

Joël Houle

Wow! C’est bon à savoir. Toi, Maurice tu es un champion de la communication de la science des tremblements de terre. Est-ce qu’il y a des ressources en ligne pour les personnes qui désirent en apprendre davantage, soit sur les tremblements de terre soit sur le travail fait par les sismologues au Canada?

Maurice Lamontagne

Certainement! Ils peuvent visiter le site SéismesCanada.ca, séismes avec un « s ». Et puis, il y a beaucoup d’informations sur les tremblements de terre canadiens, les tremblements de terre historiques. Les gens peuvent voir aussi les tremblements de terre dans notre base de données. Par exemple, ils peuvent extraire ces informations-là. Il y a des photos aussi de dommages de tremblements de terre. Et puis aussi, il y a une partie sur savoir comment minimiser le potentiel de dommages dans sa maison. D’autres conseils utiles, comme ceux avec des liens vers des groupes, par exemple La Grande Secousse du Québec, qui chaque année fait un exercice au mois d’octobre pour simuler un tremblement de terre, pour amener les gens à développer le réflexe, le savoir-faire lorsqu’arrive un tremblement de terre.

Joël Houle

Parfait! On va inclure les liens électroniques dans la description de notre balado. Maurice, un gros merci d’avoir pris le temps de jaser avec nous aujourd’hui. C’est très apprécié.

Maurice Lamontagne

Ça m’a fait plaisir! Bonne journée.

Joël Houle

Un gros merci à Maurice pour l’entrevue. Une chose dont a fait mention Maurice, c’est le site Web de Séismes Canada. Je vous recommande fortement de le consulter. Il contient des rapports sur tous les tremblements de terre importants, des cartes des événements sismiques, une liste complète de questions et réponses et plus encore. Si vous avez envie d’en savoir plus sur les tremblements de terre, il y a des liens qui pourraient vous intéresser dans la description de l’épisode, incluant le lien vers Séismes Canada. Si vous avez aimé cet épisode, abonnez-vous à notre chaîne. Vous pouvez aussi nous envoyer des commentaires ou partager l’épisode sur les médias sociaux. La science simplifiée a aussi un site Web et une chaîne YouTube que je vous recommande de visiter! Nous avons des articles et des vidéos intéressants sur le travail scientifique exceptionnel qui se fait ici à Ressources naturelles Canada. Les liens se trouvent aussi dans la description de notre épisode. Merci de votre écoute! Ne ratez pas notre prochain épisode.

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