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Restauration des forêts endommagées

Les forêts nous procurent une multitude d’avantages sur les plans social, économique et environnemental. Nous devons donc veiller à les garder en santé. Des choses comme les catastrophes naturelles, les organismes nuisibles et l’extraction de ressources peuvent cependant poser problème. Dans cet épisode, nous parlons avec un chercheur qui travaille à régénérer et à restaurer des paysages forestiers altérés en collaboration avec l’industrie, le monde universitaire, les communautés autochtones et différents ordres de gouvernement.

Transcription

Joël Houle

Lorsqu’on pense à un paysage typique du Canada, on voit des montagnes majestueuses, des lacs paisibles et des forêts luxuriantes à perte de vue. Les forêts font partie de notre identité canadienne, mais elles sont également liées à notre bien-être.  

Les forêts nous procurent une multitude d’avantages sur les plans social, économique et environnemental. Nous devons donc veiller à les garder en santé. Des choses comme les catastrophes naturelles, les organismes nuisibles et l’extraction de ressources peuvent cependant poser problème.

Dans cet épisode, nous parlons avec un chercheur qui travaille à régénérer et à restaurer des paysages forestiers altérés en collaboration avec l’industrie, le monde universitaire, les communautés autochtones et différents ordres de gouvernement.

Bienvenue à un nouvel épisode de La science, tout simplement! Le balado qui vous renseigne sur le travail scientifique incroyable qui se fait ici à Ressources naturelles Canada. Je suis votre animateur, Joël Houle.

Vous avez sûrement remarqué que nous n’avons pas publié d’épisode depuis le mois de mars. Naturellement, c’est la pandémie qui a nous a empêchés de le faire. Mais maintenant qu’on a fait des ajustements et qu’on a accès à l’équipement nécessaire, on est prêts à reprendre la production. On visera à produire environ un épisode par mois.

Parlant de pandémie, j’espère que vous êtes en parfaite santé, vous et vos proches. Soyez prudents et restez en sécurité.

Bon! Concernant le sujet d’aujourd’hui. Nous avons avec nous un chercheur qui va nous expliquer ce qu’est la restauration des paysages forestiers et pourquoi c’est important.

Accueillons notre spécialiste.

Joël Houle

Notre invité aujourd’hui est Nicolas Mansuy du Service canadien des forêts, Nicolas, merci d’être avec nous aujourd’hui!

Nicolas Mansuy

Bonjour Joël! Comment ça va?

Joël Houle

Bien! Et toi, comment ça va la vie en quarantaine? Est-ce que tu es encore capable de travailler?

Nicolas Mansuy

Oui. Écoute, j’ai la chance d’être bien installé chez moi, d’avoir un bureau assez isolé des enfants qui me permet de travailler et d’être assez productif, étonnamment, malgré la situation. Et je pense que je devrais en profiter pour remercier ma conjointe qui est en congé de maternité et qui s’occupe des enfants, qui me laisse travailler correctement. Donc, un grand merci.

Joël Houle

Alors toi, tu ne t’ennuies pas avec la famille et le nouveau bébé!

Nicolas Mansuy

Non! C’est assez bruyant je dirais avec le bébé qui pleure ou avec mon fils de 4 ans et demi qui crie toutes les dix minutes. Mais au moins, je travaille à la maison confortablement.

Joël Houle

C’est bon cela. Alors toi, tu travailles dans la restauration des paysages forestiers. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que ça signifie? C’est quoi la restauration? C’est quoi la perspective générale?

Nicolas Mansuy

Oui, ça va me faire plaisir de parler de ça. Donc, la restauration, c’est une pratique qui est très proche de la foresterie. D’une certaine façon. Mais c’est axé sur les paysages, les écosystèmes, les habitats qui sont dégradés. Et la dégradation peut être de différentes origines. On comprend que les ressources naturelles, l’extraction, des activités qui ont un impact majeur sur les écosystèmes. Donc, le secteur minier, de l’énergie et le secteur forestier d’une certaine façon. Mais aussi l’agriculture, tous les développements urbains, peuvent avoir un impact sur les écosystèmes, mais aussi les perturbations naturelles, comme les feux, la sécheresse, les inondations ou même les glissements de terrain. Toutes ces perturbations-là, à un certain moment, arrivent en même temps dans le paysage et cela va créer la dégradation. Et puis, c’est là que j’interviens pour trouver des solutions pour restaurer et retrouver la santé des écosystèmes.

Joël Houle

Est-ce que tu travailles d’un bureau ou est-ce que tu fais du travail dans le champ également?

Nicolas Mansuy

Un peu les deux. Ça veut dire que j’alterne entre des analyses, comme chercheur on aime ça avoir des données, on aime ça aller chercher des données sur le terrain. Puis, une fois qu’on a les données, on essaie de les mettre dans des modèles et puis de trouver des solutions. Généralement, les modèles que l’on fait sont des modèles à restaurer pour optimiser la restauration. Les paysages qui sont complexes, il y a différents utilisateurs avec différents besoins, différents intérêts. En effet, de voir comment trouver, comment optimiser, comment trouver des compromis pour que des solutions puissent être appliquées concrètement sur les paysages. Je travaille aussi beaucoup. Une bonne partie de mon travail est d’aller dans des réunions, et puis de travailler avec tous ces différents utilisateurs, toutes ces personnes qui représentent des activités économiques souvent, dans les paysages. Donc, des compagnies forestières, des compagnies pétrolières ici en Alberta, mais aussi des gens de la province, par exemple. Le gouvernement provincial est très impliqué dans la restauration. Et aussi les communautés autochtones avec qui on travaille beaucoup ici, en Alberta, pour les aider à planifier la restauration dans leur territoire traditionnel. Donc, c’est un mélange de terrain et de réunions et aussi de développer des outils pour améliorer la planification et la restauration.

Joël Houle

Est-ce que tu peux nous donner des exemples de quelques outils sur lesquels toi et tes collègues avez travaillé dessus dans le passé?

Nicolas Mansuy

Oui, bien sûr. Ici, on a un gros projet actuellement au Centre de foresterie du Nord. C’est un projet très collaboratif avec des chercheurs de différents centres à travers le Canada. Et ce projet s’appelle « Restoring Working Landscape » [Restauration des paysages forestiers]. L’idée, c’est de restaurer un paysage où les conflits ont diminué parce qu’il y a des paysages qui peuvent être en conflit quand on a différents intérêts, différentes valeurs à travers le paysage. Mais là, on essaye de développer des outils qui nous permettent de trouver un équilibre, ou des compromis dans le paysage. On travaille, par exemple, sur comment faire cohabiter la restauration, le caribou, mais aussi maintenir une récolte forestière qui a une certaine valeur économique. C’est des travaux qu’on fait dans la région ici en Alberta en collaboration avec Cold Lake First Nations. On travaille aussi sur quantifier l’effet, par exemple, des perturbations comme le feu, comme un outil de restauration naturel. Ça veut dire qu’on pense que le feu, en brûlant, la dégradation ou la fragmentation qu’il y a dans le paysage, va repartir à zéro et d’une certaine façon, d’éliminer cette fragmentation. Donc, on fait ça dans les zones sismiques pour voir si les lignes sismiques peuvent s’effacer. Des lignes sismiques, ce sont des perturbations linéaires. Il y en a énormément en Alberta. Je pense que c’est à peu près 300 000 km de lignes sismiques. Et les compagnies, les compagnies minières, les compagnies qui travaillent dans l’énergie ont besoin de faire ça pour sonder ce qu’il y a dans le sous-sol. C’est un territoire très riche, donc il y en a partout. Donc, ça fragmente le paysage. Et nous on essaie de voir de comment éliminer ces lignes sismiques. Car elles ont un impact sur la biodiversité. Un impact sur l’habitat du caribou, par exemple. Et donc on essaie de savoir comment effacer ces lignes sismiques. On développe aussi d’autres techniques de restauration. Voir si on pourrait tout simplement replanter ces lignes-là. Donc, on a plein d’outils. On a besoin d’experts dans différents domaines, dans les sols, dans la productivité des forêts, et des experts, bien sûr de la population des caribous. C’est un travail très multidisciplinaire et un travail collaboratif que l’on fait. On travaille aussi avec les Premières Nations, comme je l’ai mentionné. Donc, on a besoin de spécialistes qui ont une meilleure compréhension sociale de la foresterie, une meilleure compréhension sociale de la gestion des paysages.

Joël Houle

C’est super intéressant! Alors toi tu es situé en Alberta, mais est-ce que ton travail est seulement centré sur la province, ou est-ce que toi et tes collègues travaillent à travers le Canada?

Nicolas Mansuy

Oui, on a des projets en Alberta, mais on a aussi des projets dans les Territoires du Nord-Ouest, en Saskatchewan et au Manitoba. On est assez diversifié dans nos projets parce que la dégradation des paysages ce n’est pas uniquement en Alberta, c’est répandu dans plusieurs provinces du Canada. Donc on essaie de développer des outils qui permettent de répondre aux différentes problématiques à travers le Canada.

Joël Houle

Une des choses qui me vient à l’idée quand tu parles de ton travail, c’est l’aspect changement climatique. Les changements climatiques ont un impact sur l’environnement. Il y a un impact sur les choses comme les feux de forêt. Est-ce que l’aspect changement climatique a un impact sur ton travail?

Nicolas Mansuy

Oui, bien sûr, ça a un impact énorme. Les changements climatiques ont un impact sur tous les paysages, surtout sur la dynamique des paysages au Canada. Donc, tu as mentionné les feux. Effectivement, le feu répond directement à l’influence des changements climatiques. Il y a des feux plus sévères, des feux plus grands. Un changement dans la saisonnalité des feux. Il y a aussi les insectes. Il y a aussi l’érosion des sols, les sécheresses. Ce sont des impacts très forts, surtout en Alberta. On n’a pas le choix d’intégrer ça, d’intégrer les changements dans nos modèles et dans notre planification. Donc, en tant que forestier, quand on parle de restauration, on dit bon, on ne va pas planter un arbre ici parce que, avant la perturbation, il y avait ces arbres-là. Mais aujourd’hui, on essaie de se projeter dans le futur. Et on dit, est-ce dit que dans 50 ans ou dans 100 ans, le climat que nous avons aujourd’hui sera le même. Le type de sol sera le même, les essences seront les mêmes, donc on essaye de projeter, et puis on essaie de voir si on ne peut pas anticiper les impacts des changements climatiques. Donc oui, on est très au courant des impacts et on essaye de les intégrer dans nos modèles et dans nos décisions pour adapter les paysages à des nouvelles conditions, tout simplement. Puis, peut-être pour donner plus de profondeur à la discipline de restauration, c’est une discipline qui a évolué rapidement dans le sens où avant, on était dans l’optique de revenir au type d’écosystème, au type d’essence qu’il y avait avant la perturbation. Aujourd’hui, ce débat est en train d’évoluer à cause justement des changements climatiques. Là on dit, le paysage est très dynamique. Le paysage change très rapidement à cause des changements climatiques. Donc, pourquoi ne pas anticiper ces changements et se projeter dans le futur? On parle de ce concept de nouvel écosystème où, au lieu de se concentrer sur les conditions naturelles, on essaie de voir quelles sont les valeurs et les spécificités que des écosystèmes futurs pourraient donner, pourrait apporter finalement aux gens qui vivent dans ces paysages.

Joël Houle

Wow, ça démontre vraiment la complexité du type de travail qui est fait. Ce n’est pas quelque chose que tu regardes seulement un moment dans le temps. Tu dois regarder le passé, tu dois regarder le futur, ainsi que le présent. Alors c’est incroyable le type de travail que tu fais.

Nicolas Mansuy

Oui, merci. Ce qui est important, je ne pense pas que je l’ai mentionné encore, c’est le « monitoring ». Faire de la restauration, ça coûte cher. Et puis, on ne veut pas qu’après un an ou deux ans, après tout l’argent qui est investi, ça ne marche pas. On veut vraiment s’assurer qu’il y ait de la surveillance. On veut s’assurer que les essences qu’on a plantées soient les bonnes. On veut s’assurer que, si on veut restaurer pour que l’habitat fournisse des services pour un type de population, il faut y veiller. Donc, on peut installer des caméras. On peut développer des techniques qui vont permettre de faire en sorte qu’on revient sur le site, par exemple, année après année. Et c’est vraiment un investissement à long terme la restauration. C’est très spécifique cette discipline-là. On pourrait dire que ce n’est jamais fini la restauration. Sauf que le paysage est tellement dynamique qu’il faut s’assurer que la santé des écosystèmes soit là et que l’écosystème soit résilient à toutes sortes de perturbations.

Joël Houle

C’est pour ça que c’était important de travailler avec les provinces, travailler avec l’industrie et du point de vue académique aussi, pour s’assurer que tout le monde travaille dans la même direction et va dans la bonne direction. Merci beaucoup, Nicolas, d’avoir pris le temps de venir avec nous aujourd’hui.

Nicolas Mansuy

Ça me fait très plaisir! Merci de l’invitation et puis à la prochaine.

Joël Houle

À la prochaine.

Joël Houle

Pour en savoir plus sur la restauration des paysages forestiers ou sur la science forestière, consultez les liens figurant dans la description de cet épisode.

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