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Ralentir l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (Demandez à RNCan)

La tordeuse des bourgeons de l’épinette est un parasite des forêts bien connu qui a causé des ravages dans l’est du Canada au cours des dernières années. Elle se nourrit du nouveau feuillage des épinettes et des sapins, ce qui peut les tuer. Véronique Martel, du Centre de foresterie des Laurentides à Québec, nous explique les mesures prises pour ralentir l’épidémie de la tordeuse.

Transcription

- Joël Houle

Bonjour tout le monde et bienvenue à l’émission Demandez à RNCan . Dans cette série de balados, nous discutons avec nos experts du travail qui se fait ici, à Ressources naturelles Canada. Je suis votre animateur, Joël Houle. Normalement, nous réalisons un épisode de Demandez à RNCan par mois, mais il s’agit d’une période occupée pour notre ministère et nous avons une grande variété de sujets scientifiques intéressants et pertinents en ce moment que nous voulons partager avec vous. L’un des sujets que nous étions impatients d’aborder est la tordeuse des bourgeons de l’épinette  : un parasite des forêts bien connu qui a causé des ravages dans l’est du Canada au cours des dernières années. Avant de commencer, j’aimerais souligner que le balado s’appelle Demandez à RNCan pour la simple raison que nous voulons recevoir vos questions. Le but de l’émission est de vous faire découvrir les activités scientifiques de notre ministère. Alors, à la fin de l’épisode, si vous avez des questions sur le sujet abordé aujourd’hui, vous êtes invités à nous en faire part sur Twitter avec le mot-clic #DemandezÀRNCan. C’est bon? Parfait, allons-y! Mon invitée d’aujourd’hui est Véronique Martel du Centre de foresterie des Laurentides à Québec. Véronique, merci d’être avec nous!

- Véronique Martel

Ça me fait plaisir!

- Joël Houle

Tout d’abord, pourriez-vous nous parler davantage de la tordeuse des bourgeons de l’épinette et des raisons pour lesquelles elle pose un problème dans l’est du Canada ?

- Véronique Martel

Oui, donc, la tordeuse des bourgeons de l’épinette est un insecte indigène en Amérique du Nord. Donc, ce n’est pas un insecte exotique qui vient d’ailleurs, c’est vraiment un insecte qui est présent ici naturellement. C’est, en fait, un petit papillon de nuit. Mais c’est la chenille qui peut causer des problèmes. Elle se nourrit des bourgeons des sapins et des épinettes. Comme tel, ce n’est pas problématique. Il y a beaucoup d’insectes qui se nourrissent des arbres en forêt. Mais le problème va survenir quand les populations deviennent tellement élevées que l’arbre n’arrive plus à produire de feuillage. Et puis ça, ça se produit quand on a ce qu’on appelle une épidémie, et les épidémies se produisent environ aux 30 à 40 ans. On a donc des montées de population assez impressionnantes. Et puis, des fois, la défoliation devient tellement sévère qu’un arbre peut mourir après environ 5 ans de défoliation sévère comme ça , quand il n’arrive pas à produire son feuillage. Et puis, évidemment , c’est un phénomène naturel qui se produit depuis longtemps. Mais le problème , c’est que nous, comme on exploite la ressource qui est la forêt, on se trouve un petit peu en compétition avec l’insecte. Et puis, à ce moment-là, ça va causer le déclin des forêts et c’est là où ça va avoir un impact important, notamment sur l’économie forestière.

- Joël Houle

Quelles sont les mesures que prend Ressources naturelles Canada pour remédier à ce problème?

- Véronique Martel

À Ressources naturelles Canada, il y a beaucoup de chercheurs qui étudient la tordeuse, et ça, depuis longtemps. Ce n’est pas la première épidémie qu’on connaît et donc, à chaque épidémie, il y a des chercheurs qui se penchent sur la question pour essayer de mieux la comprendre, de mieux prévoir l’épidémie et les impacts, et éventuellement d’essayer de protéger la ressource. Donc, notamment, il y a présentement une initiative de recherche depuis 2014 qui est la Stratégie d’intervention hâtive, qui regroupe de nombreux chercheurs et différents partenaires sous le parapluie de ce qu’on appelle le Partenariat pour une forêt en santé, qui va regrouper des chercheurs de Ressources naturelles Canada, mais aussi les provinces, des universités, les industries. Donc tout le monde, en fait , s’est mis ensemble pour essayer d’étudier la question, et puis de proposer une solution qui est un peu différente de ce qu’on a fait dans le passé. Donc , l’idée de cette stratégie d’intervention hâtive, c’est d’abaisser les populations avant d’atteindre le stade d’épidémie. Donc, finalement, d’être en prévention plutôt qu’en réaction à l’épidémie, et puis de voir comment on peut arriver à éviter la mortalité des arbres . On profite évidemment de l’étude de cette stratégie pour étudier l’écologie du début de l’épidémie. Parce que dans le passé, on a beaucoup étudié les épidémies, beaucoup la progression, la montée, le pic de l’épidémie et le déclin. Mais vraiment le début , c’est quelque chose qu’on ne comprend pas encore très bien… ce qui peut causer ça. C’est aussi une belle occasion pour nous d’étudier la question.

- Joël Houle

Tu viens tout juste de mentionner les partenaires avec qui tu travailles. Ressources naturelles Canada fait partie du Partenariat pour une forêt en santé. Est-ce que tu peux élaborer sur cette initiative?

- Véronique Martel

Oui , c’est un partenariat qui a été créé vraiment pour permettre aux forces de travailler toutes ensemble à la compréhension du phénomène des épidémies et au développement de la stratégie d’intervention hâtive. C’est un partenariat qui, comme son nom l’indique, va regrouper différentes personnes. Donc , évidemment, nous sommes présents, les chercheurs de Ressources naturelles Canada. Il y a aussi les provinces. Ensuite, il y a différentes universités, pas juste au Nouveau-Brunswick , mais au Québec et en Ontario. Et puis différents partenaires industriels qui sont impliqués. Chaque partenaire va apporter quelque chose de différent. Donc, on a des gens qui vont aider sur le terrain, il y a des gens qui vont faire des tests au labo. C’est vraiment différents niveaux dans ces partenaires-là. L’idée est d’unir nos forces pour travailler ensemble pour essayer de développer la Stratégie d’intervention hâtive.

- Joël Houle

Je suis convaincu que plusieurs de nos auditeurs se souviendront de la dernière infestation de tordeuse des bourgeons de l’épinette dans les années 1970 et 1980, où 50 millions d’hectares de forêt ont été touchés. Quelle est la réaction du public à l’égard de la Stratégie d’intervention précoce?

- Véronique Martel

En fait, il y a de grandes différences entre ce qu’on fait actuellement et ce qui a été fait dans la dernière épidémie que vous mentionnez, mais aussi les précédentes. Ce qui a changé beaucoup entre autres, ce sont les produits utilisés, qui ne sont plus les mêmes que dans le passé. C’est vraiment un élément qui est important parce que dans le passé, il y a eu des insecticides à large spectre qui ont été utilisés et ce n’est plus le cas maintenant. Donc, les produits qui sont utilisés sont beaucoup plus spécifiques. Ils vont affecter seulement certaines espèces de chenilles, à un moment précis. Donc , c’est très, très limité. C’est principalement la tordeuse, au moment où les produits sont utilisés, qui va être affectée. Et puis, il y a aussi les superficies qui sont traitées. Donc la Stratégie d’intervention hâtive, l’idée, c’est justement, comme on intervient avant l’arrivée des épidémies , on a des superficies beaucoup plus petites. Ça a une importance, évidemment, en termes de coûts. Mais aussi, ça veut dire qu’il y a une plus petite portion de territoire qui va être traitée avec nos produits, nos insecticides. Donc, ça change beaucoup la donne par rapport aux anciennes épidémies. Puis , c’est quelque chose qu’on communique beaucoup. On essaie d’être assez transparents. On a une bonne stratégie de communication pour que les gens soient au courant de ce qu’on fait. Qu’ils aient l’opportunité de poser leurs questions. Donc, on va avoir un site Web : Partenariat pour une forêt en santé. On fait beaucoup d’entrevues avec les médias. On a un blogue où les gens ont la chance de poser leurs questions via le site Web. Donc, ça leur permet vraiment d’être au courant de ce qui se passe. Et puis, on va même jusqu’à les impliquer par un projet de science citoyenne qui s’appelle « Pisteurs de tordeuse », par lequel il y a des centaines de citoyens dans l’est du pays, mais on a aussi en fait les États-Unis qui sont impliqués dans le même projet. Et on a même cette année la France qui s’implique à Saint-Pierre-et-Miquelon. Et puis, on leur demande d’aider les papillons pour essayer de comprendre les déplacements. C’est une façon pour les citoyens d’être mieux au courant du projet tout en s’impliquant. Et puis , en plus de tout ça, évidemment, on étudie les impacts potentiels de notre stratégie d’intervention sur l’écosystème. Par exemple, moi, personnellement, je suis beaucoup impliquée dans une partie du projet où l’idée est de regarder les communautés de lépidoptères, donc les papillons, les chenilles qui sont présents dans nos sites pour s’assurer qu’on n’ait pas un impact sur d’autres espèces que la tordeuse, et puis s’assurer aussi qu’on n’ait pas un effet sur les ennemis naturels de la tordeuse. Donc notamment les parasitoïdes, les petits insectes qui attaquent la tordeuse. Ils sont très, très importants parce qu’ils sont présents naturellement. Ils contrôlent les populations de tordeuse de façon naturelle. Donc moi, je m’assure que, par mon intervention, on ne va pas venir nuire à ces parasitoïdes-là qui, à quelque part, travaillent pour nous en s’attaquant à la tordeuse. Tout ça , c’est des choses qu’on fait en parallèle du développement de la Stratégie d’intervention hâtive et qui fait aussi qu’on a une stratégie qui est complète et on s’assure vraiment de l’impact que l’on a avec cette stratégie.

- Joël Houle

Alors vous êtes en ce moment à votre sixième année de recherche. Quels sont les résultats jusqu’à présent?

- Véronique Martel

Cette année, on est assez contents parce que jusqu’à date, les résultats sont assez prometteurs. On traite certaines régions où les populations montent et on regarde l’impact que l’on a. Mais on a, cette année, un grand déclin des populations. Ce qui s’est produit l’été passé, finalement , qu’on observe cette année. L’été 2019, les superficies qu’on a à traiter sont beaucoup plus faibles, parce que les populations ont décliné. Et ça , c’est très prometteur. On continue de surveiller le tout pour bien confirmer exactement ce qui se passe, ce qui explique tout ça. Pour le moment, on a des bons résultats prometteurs où il semblerait que les populations au Nouveau-Brunswick, dans les régions où on applique cette stratégie d’intervention rapide, et les populations sont plus basses.

- Joël Houle

Alors quelle est la prochaine étape pour la stratégie d’intervention?

- Véronique Martel

C’est vraiment une initiative de recherche. On continue les recherches. À chaque année, on regarde les populations au Nouveau-Brunswick, on cible les endroits où les populations augmentent afin d’appliquer la stratégie. Donc , c’est de continuer ça, de continuer à surveiller l’impact de nos traitements et aussi tous les projets connexes pour mieux comprendre les débuts d’épidémie et s’assurer qu’on n’a pas d’impact sur le reste de la communauté, de l’écosystème. C’est quelque chose qui continue pour essayer de vraiment bien comprendre l’impact que l’on a et puis vérifier si cette stratégie a l’effet positif qu’elle semble avoir.

- Joël Houle

Super! Merci beaucoup, Véronique, de nous avoir accordé cette entrevue.

- Véronique Martel

Merci!

- Joël Houle

On arrive à la fin de l’émission, mais ça ne veut pas dire que le sujet est fermé. On vous invite à poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. Si vous avez des questions pour nos experts, ou des commentaires sur cet épisode, vous pouvez nous les adresser sur Twitter, accompagnés du mot-clic #DemandezÀRNCan. Également, si vous souhaitez en apprendre davantage sur les activités scientifiques de Ressources naturelles Canada, nous vous encourageons à visiter notre cybermagazine La Science, Tout Simplement . Vous allez trouver une mine d’informations intéressantes : incluant les épisodes précédents de notre balado, des articles, et des vidéos. La page spécifique à cette émission contient des liens électroniques à des ressources pertinentes pour en apprendre davantage sur le sujet discuté aujourd’hui. Vous pouvez accéder à La Science, Tout Simplement directement à partir de notre site Web à rncan.gc.ca, ou en effectuant une recherche sur Google. Si vous nous écoutez sur Apple Podcast, Google Play, Stitcher ou SoundCloud, nous vous invitons à écrire un avis et à vous abonner à notre émission pour prendre connaissance des épisodes antérieurs et futurs. Voilà qui conclut cet épisode de Demandez à RNCan. Merci de nous avoir écoutés aujourd’hui et revenez-nous au prochain épisode!

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