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Diversité et inclusion dans les sciences

Les scientifiques font des découvertes en misant sur les découvertes faites par d’autres scientifiques avant eux. Mais qu’arrive-t-il lorsque la prochaine cuvée de scientifiques n’est pas une représentation juste de la population? Qu’arrive-t-il lorsque nous ne parvenons pas à faire connaître des regards neufs? Dans cet épisode, nous allons discuter de l’importance de la diversité et de l’inclusion dans le monde des sciences.

Transcription

Joël Houle

Il y a une citation célèbre d’Isaac Newton, l’un des scientifiques les plus influents de tous les temps, qui va comme suit : « J’ai vu plus loin que les autres parce que je me suis juché sur les épaules de géants. » Ce que Newton voulait dire par là c’est qu’il a pu faire ses découvertes scientifiques en misant sur les découvertes faites par d’autres scientifiques avant lui. C’est ainsi que la science va de l’avant. Nous publions les avancées et les découvertes afin de les mettre à la disposition de la prochaine génération de jeunes esprits afin qu’ils puissent les exploiter tout en apportant un regard neuf et des expériences de vie différentes. Mais qu’arrive-t-il lorsque la prochaine cuvée de scientifiques n’est pas une représentation juste de la population? Comment nos connaissances collectives sont-elles censées progresser si nous ne parvenons pas à faire connaître ces regards neufs? Dans cet épisode, nous allons discuter de l’importance de la diversité et de l’inclusion dans le monde des sciences.

Bienvenue à un nouvel épisode de La science simplifiée! Je suis votre animateur, Joël Houle. Aujourd’hui, nous allons parler de la diversité et de l’inclusion en science. Notre invitée, Cécile Siewe est directrice générale de CanmetÉnergie à Devon, en Alberta. Ingénieure chimiste de profession, elle supervise une équipe spécialisée en recherche et développement qui étudie des solutions technologiques applicables au secteur pétrolier et gazier… notamment des méthodes visant à être plus concurrentiels ET écoresponsables. Tout ceci est loin de l’Afrique centrale où Cécile a grandi. Et lorsqu’elle n’est pas au bureau, elle fait du mentorat auprès de jeunes qui s’intéressent au domaine des STIM ou aux carrières en STIM (sciences, technologies, ingénierie ou mathématiques). Sans plus tarder, accueillons notre invitée.

Joël Houle

Nous avons le plaisir aujourd’hui d’accueillir Cécile Siewe. Cécile, comment ça va?

Cécile Siewe

Ça va bien, merci.

Joël Houle

On parle aujourd’hui d’inclusivité et de diversité en sciences. Pourquoi est-ce que c’est important d’assurer la représentation d’une diversité de points de vue en sciences et en recherche?

Cécile Siewe

À la base, la science et la recherche consistent à trouver des solutions pour tout le monde, pour toute l’humanité. Pas seulement pour certains groupes de personnes. Il est donc logique que tout le groupe soit représenté, en mesure d’offrir des commentaires et des perspectives pour la solution recherchée.

Joël Houle

Est-ce que tu peux nous parler de ton expérience personnelle quand tu étais jeune? À quel moment as-tu décidé de faire carrière en sciences?

Cécile Siewe

J’ai grandi en Afrique et mes parents étaient très sérieux sur l’importance d’une bonne éducation. Heureusement, j’aimais bien les sciences et je savais que je voulais poursuivre des études dans ce domaine après le lycée, même si je n’avais pas décidé d’une carrière spécifique à ce moment-là. Mais je savais très bien que c’est un endroit où je voulais travailler toute ma vie.

Joël Houle

Alors, on dit beaucoup de choses sur la propension des jeunes filles à décider à un très jeune âge qu’elles ne veulent pas faire carrière en sciences. J’imagine que ce n’était pas le cas pour toi. Mais à quoi ce phénomène est-il attribuable à ton avis?

Cécile Siewe

Non, ce n’était pas le cas pour moi, je pense pour deux raisons. Un, j’aimais vraiment la science. Et deux, parce que même quand j’éprouvais des difficultés, on m’avait vraiment appris à croire que je pouvais faire n’importe quoi. Alors, si quelque chose était difficile, il n’était pas question de lâcher. Il était seulement question de travailler dur, pour mieux comprendre. Je crois que ce sont les raisons pour lesquelles je n’avais pas décidé de lâcher la science. Mais ayant dit cela, il faut aussi penser, est-ce que c’est vraiment les jeunes filles qui ont décidé de ne pas poursuivre la science, ou bien ce sont les signaux qu’elles ont reçus toute leur vie. Que c’était quelque chose qui était trop difficile pour elles. Que ce n’était pas pour les jeunes filles. Ou bien que c’était ennuyeux ou pas très « cool ». Donc, ce n’est peut-être pas ces jeunes filles qui décident qu’elles ne veulent pas aller en science, mais c’est la vie autour d’elles qui leur disait que ce n’est pas un emploi pour elles.

Joël Houle

Dans ton cas, est-ce que tu avais des femmes ou des femmes noires comme modèle?

Cécile Siewe

Pas exactement. Il y avait ma mère qui était un modèle pour moi parce qu’elle était infirmière. Mais à part cela, il n’y avait pas vraiment de femmes noires que je voyais autour de moi quand j’ai mené mes études. J’ai fait la chimie génie, et il n’y avait pas beaucoup de femmes autour de moi. Ni comme étudiant, ni comme professeur. J’avais la chance d’avoir des supérieurs qui s’intéressent à moi et qui s’intéressent à mon avenir, et qui m’ont vraiment aidée et qui étaient un modèle pour moi.

Joël Houle

Maintenant que tu es dans un poste de directeur général, est-ce que tu as pris l’opportunité d’agir comme modèle pour la prochaine génération?

Cécile Siewe

Bien sûr. C’est quelque chose que je tiens beaucoup à faire. Je fais tout que je peux pour y aller parce que je tiens à ce que les jeunes qui sont dans l’auditoire voient qu’il y a quelqu’un comme eux qui peut atteindre le niveau que j’ai réussi à attendre. Je tiens aussi à ce que les gens qui organisent ces événements deviennent plus confortables à inviter des personnes comme moi à parler. Et que les autres panélistes sachent bien que oui, s’il n’y a pas quelqu’un qui est soit une femme ou bien noir qui n’est pas là, ce n’est pas une bonne chose. Que ça soit diversifié, qu’il y ait une représentation pour tout le monde.

Joël Houle

Alors toi, tu travailles depuis des années dans le secteur pétrolier et gazier, qui est un secteur qui est très traditionnel. Qu’est-ce qui t’a attirée d’abord et avant tout dans ce domaine?

Cécile Siewe

Pour ça alors, il faut retourner à quand je faisais mes études de premier cycle. J’ai eu la chance de passer un an de stage dans un centre de recherche avec BP (British Petroleum). Et j’ai tellement aimé ce que je faisais que j’ai décidé de mener des études dans ce domaine. C’est pour ça que j’ai fait mon doctorat. Et après cela, je me suis retrouvée au Canada, en Alberta, pour travailler avec Shell Canada et maintenant pour le gouvernement canadien.

Joël Houle

Tu parlais de ton expérience à l’université. En apprenant que les établissements universitaires deviennent de plus en plus diversifiés, on s’attend à ce que les établissements scientifiques deviennent eux aussi plus diversifiés. Est-ce le cas, selon toi?

Cécile Siewe

Il y a certainement eu des progrès sur ce front, mais pas assez à mon avis. Je suis sûre qu’il y a des étudiants aujourd’hui à l’université qui auront des professeurs noirs, ou bien qui sont des femmes. Mais ça ne sera qu’un ou deux, pas plus que ça. Et qu’est-ce que ça dit aux étudiants? La même chose est vraie dans les institutions scientifiques. Les chiffres ont peut-être augmenté par rapport à il y a dix ans, mais ils sont loin d’être proches d’un niveau qui se compare au public général.

Joël Houle

Nous, ici, à Ressources naturelles Canada, qu’est-ce qu’on fait pour favoriser la diversité et l’inclusivité?

Cécile Siewe

On a mis sur pied l’été passé un groupe de travail sur la diversité et l’inclusion pour aboutir à une stratégie pour définir ce que l’on va faire. Nous avons également vu la création d’un réseau d’employés noirs qui est lié à d’autres réseaux dans la fonction publique.

Joël Houle

L’objectif n’est pas seulement d’avoir des personnes de différents points de vue à la table, mais de réussir à faire entendre ces points de vue. Que peut-on faire pour y arriver?

Cécile Siewe

Il faut d’abord faire l’effort de créer un espace afin que ces voix puissent être entendues. Les personnes qui occupent des positions de pouvoir, formel ou informel, doivent avoir cette conscience et être équipées pour faire de la place pour que toutes les voix soient entendues. Cela ne vient pas naturellement à tout le monde, donc c’est aussi possible de prendre des formations dans ce domaine.

Joël Houle

Pour les jeunes qui nous écoutent aujourd’hui, est-ce que tu as des recommandations sur ce qu’ils peuvent faire pour s’assurer de faire entendre leur voix?

Cécile Siewe

Oui, je veux leur conseiller de toujours poser des questions. N’ayez pas peur de poser des questions et de demander encore et encore si la réponse n’a pas de sens. Il faut demander aux gens de votre entourage quels sont leur travail. Pourquoi ils ont choisi la science. Et comment ils en sont arrivés là où ils se trouvent.

Joël Houle

Alors Cécile, si nos auditeurs veulent en savoir plus sur la diversité et l’inclusion dans les sciences, est-ce qu’il y a des ressources en ligne que tu recommandes?

Cécile Siewe

En général, je veux encourager les gens à chercher sur Google les gens qui les représentent, qui les intéressent. Il y a des jeunes scientifiques qui sont sur TikTok, sur Instagram et sur Twitter. Et il faut suivre ces gens pour mieux savoir ce qui est possible dans ces domaines.

Joël Houle

Parfait. Merci beaucoup Cécile d’avoir pris le temps de venir jaser avec moi aujourd’hui.

Joël Houle

C’était génial de parler avec Cécile et de voir les choses de son point de vue. Elle a un parcours si intéressant. C’est une véritable pionnière. Nous entendons souvent parler de l’importance d’avoir des conversations à propos de la diversité et de l’inclusion. Ça compte. Si nous voulons que des changements importants et profonds se produisent, nous devons poursuivre cette conversation.
Nous avons, à votre intention, chers auditeurs, quelques liens dans la description de l’épisode qui pourraient vous plaire. Il y a notamment un lien pour un article intitulé « 17 façons de s’enthousiasmer pour les STIM » dans lequel nous avons demandé à des scientifiques de RNCan de nous dire ce qui les inspire et qui les inspire. Il s’agit en gros d’une liste qui suscite l’enthousiasme pour les carrières en STIM. Nous avons aussi des liens qui expliquent le travail qui se fait à CanmetÉnergie à Devon.

Si vous avez aimé cet épisode, abonnez-vous à notre chaîne. Vous pouvez aussi nous envoyer des commentaires ou partager l’épisode sur les médias sociaux. La science simplifiée a aussi un site Web et une chaîne YouTube que je vous recommande fortement de visiter! Nous avons des articles et des vidéos intéressants sur le travail scientifique exceptionnel qui se fait ici à Ressources naturelles Canada. Les liens se trouvent aussi dans la description de notre épisode. Merci de votre écoute! Ne ratez pas notre prochain épisode.

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