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Quelques secondes suffisent pour sauver des vies

D’ici 2024, plus de 10 millions de personnes habitant les régions les plus sujettes aux tremblements de terre au Canada pourront recevoir des alertes sismiques précoces (ASP) qui leur donneront quelques secondes précieuses pour agir.

Octobre 2021

Saviez-vous que plus de 5 000 tremblements de terre surviennent chaque année au Canada? De ce nombre, seulement 50 environ produisent des secousses assez fortes pour qu’on les remarque, et un nombre encore plus restreint cause des dommages. Un séisme qui provoque d’importantes secousses peut cependant s’avérer fatal.

« Le système national d’ASP enverra une alerte précoce qui donnera au maximum quelques dizaines de secondes pour agir. Ce préavis peut sembler court, mais c’est suffisant pour sauver des vies et possiblement réduire les dommages encourus », affirme Alison Bird, sismologue à Ressources naturelles Canada (RNCan). Alison fait partie d’une équipe de scientifiques et de techniciens qui s’emploient à mettre en place un réseau national d’environ 400 capteurs sismiques dans le cadre d’un système national d’alerte sismique précoce. Ce système fait appel à un logiciel de pointe automatisé et aux toutes dernières technologies pour estimer – en temps réel – la violence des secousses qu’un séisme est susceptible de produire et envoyer instantanément des alertes.

Image de compilation montrant le matériel sismique, un chien noir et blanc dans une zone forestière et un technologue debout sur un pont dans une zone côtière.

Été 2021 (de gauche à droite) : Le matériel sismique est d’abord mis à l’essai et calibré dans un laboratoire à Ottawa. Les assistants de terrain sont de formes, de tailles et… de pelages différents. Ici, le chien Maverick est de service pendant que son maître Reid Van Brabant collecte des données sur les vibrations près de l’autoroute 417 en Ontario. Le technologue du Service canadien d’information sur les risques Mingzhou Li effectue un levé sur l’emplacement potentiel d’une station en Colombie-Britannique

Un mégaséisme historique

Pour comprendre toute l’utilité du système canadien d’ASP, remontons au 27 janvier 1700. Ce jour-là, un mégaséisme de magnitude 9 (M9) a rompu la zone de subduction de Cascadia sur près de 1 000 kilomètres le long de la côte du Pacifique, depuis le milieu de l’île de Vancouver jusqu’au nord de la Californie. Ce séisme a provoqué de violentes secousses, des glissements de terrain et un énorme tsunami. Grâce au savoir autochtone, nous savons que cet événement a changé la façon dont les Premières Nations de la région aménageaient leurs milieux de vie. Après le séisme, ils ont en effet déplacé leurs communautés à l’intérieur des terres, loin de la côte.

Trois siècles et quelques décennies plus tard, des millions des personnes habitent cette zone, dont certaines au bord de l’eau. Il y a des tunnels, des ponts, des traversiers et des navires qui quadrillent des voies navigables achalandées. Si un mégaséisme d’une telle magnitude se produisait aujourd’hui, il aurait des effets dévastateurs. Or, grâce au système d’ASP, la plupart des personnes présentes dans la zone pourraient bientôt bénéficier d’un préavis de 30 à 60 secondes avant le début des secousses.

Il est toutefois plus probable que d’autres types de séismes puissants et destructeurs se produisent à divers endroits dans la région : au sein de la plaque nord-américaine, sur laquelle nous vivons, au sein de la plaque Juan de Fuca et le long d’autres failles majeures, comme la faille de la Reine-Charlotte sur la côte ouest de Haida Gwaii. Pour ces zones, le système d’ASP donne un préavis allant de quelques secondes à quelques dizaines de secondes.

Des alertes automatisées pourraient sauver des centaines de vies

Quelques secondes, c’est suffisant pour se baisser, s’abriter et s’agripper ou, si on est au volant, se ranger sur l’accotement et mettre le frein à main. Le système d’ASP pourrait ainsi sauver des centaines de vies. « Les exploitants d’infrastructures essentielles pourraient avoir en place des technologies grâce auxquelles les ASP déclencheraient des mesures de protection automatisées », explique Alison.

Les notifications pourraient activer automatiquement les systèmes de sécurité des infrastructures. Par exemple, pour :

  • Faire ralentir les trains
  • Empêcher la circulation d’accéder aux ponts et aux tunnels
  • Dérouter les aéronefs pour les faire atterrir ailleurs
  • Avertir de la nécessité de conclure les chirurgies
  • Fermer les soupapes de gaz
  • Ouvrir les portes de garage des casernes de pompiers et des garages d’ambulances
 
Deux cartes du Canada montrent les zones sujettes aux séismes, colorées de divers tons d’orange, de rouge et de jaune.Deux cartes du Canada montrent les zones sujettes aux séismes, colorées de divers tons d’orange, de rouge et de jaune.

Au Canada, on associe souvent les séismes à la côte ouest, mais il y a d’autres zones vulnérables, surtout dans l’Est ontarien et le long du fleuve Saint-Laurent, au Québec.

Les zones sismiques du Canada, non seulement de la côte ouest

Au Canada, les risques sismiques sont surtout concentrés le long du littoral de la Colombie-Britannique, qui repose sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone caractérisée par l’abondance des volcans en activité et la fréquence des séismes, qui borde le pourtour de l’Océan pacifique et englobe la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Japon, le Canada et l’ouest des États-Unis et du Mexique. C’est là que se produisent la plupart des grands séismes sur notre planète.

Mais n’allez pas croire que vous êtes à l’abri du danger parce que vous vivez ailleurs au Canada. « Il y a des risques sismiques importants le long de la rivière des Outaouais jusqu’à Montréal et dans la voie maritime du Saint-Laurent, signale Alison. Et même si leur magnitude est moindre, ces séismes peuvent causer des dégâts considérables, surtout aux ouvrages de maçonnerie plus anciens.  De plus, comme la croûte terrestre est plus dense dans l’est, les ondes sismiques conservent leur vigueur sur de plus grandes distances et, par conséquent, se font sentir sur une plus grande superficie. »

La question n’est pas de savoir si, mais plutôt quand

Pour que l’ASP donne les résultats voulus, il faut que les gens soient aptes à réagir tout en restant zens, calmes et sereins. « Il ne s’agit pas seulement d’avertir les gens, mais aussi de faire en sorte qu’ils sachent le mieux possible comment faire face à un séisme », précise Alison. « Il peut être difficile de réfléchir logiquement dans des situations stressantes et, trop souvent, les gens quittent les immeubles de façon précipitée, dans un instinct de survie, ajoute-t-elle. C’est malheureusement l’une des pires choses à faire en cas de séisme. En observant la méthode “baisser, s’abriter, s’agripper” comme durant la simulation La Grande Secousse du mois d’octobre, on peut acquérir les réflexes nécessaires pour se protéger durant un tremblement de terre. »

: Image graphique montrant la première onde P détectée et les ondes S secondaires s'approchant d'une grande ville.

Les tremblements de terre libèrent une énergie qui traverse la Terre sous forme d’ondes sismiques. Des capteurs sismiques détectent la première énergie émise par un tremblement de terre, les ondes P qui causent rarement des dommages. Les capteurs transmettent cette information à des centres de données où un ordinateur calcule la localisation et la magnitude du tremblement de terre, ainsi que les tremblements attendus dans la région. Cette méthode peut fournir un avertissement de quelques secondes ou dizaines de secondes avant l’arrivée des ondes S secondaires, qui provoquent les fortes secousses pouvant causer la plupart de dégâts.

La majorité des séismes en Colombie-Britannique, dans l’Est ontarien et dans le sud du Québec ont tendance à se produire à proximité des centres plus densément peuplés, ce qui réduit le temps d’alerte de quelques secondes à environ 30 secondes. Dans les lieux situés très près de l’épicentre du séisme (qu’on appelle la « zone d’alerte tardive »), il se peut que l’alerte ne puisse être transmise et reçue avant le début des secousses plus fortes.

Fonctionnement des systèmes d’ASP

Les tremblements de terre libèrent une énergie qui traverse la Terre dans toutes les directions sous forme d’ondes sismiques, un peu à l’instar des ondes sonores. Les premières ondes détectées (les ondes P) se déplacent rapidement et sont suivies des ondes secondaires (ondes S), qui sont plus lentes, mais qui causent beaucoup plus de dommages.

Des capteurs – qui font la taille d’une boîte de chaussures – détectent la première énergie émise par un tremblement de terre, puis transmettent immédiatement cette information à des centres de données. Ces centres sont reliés à un système qui fait appel à un logiciel de la commission géologique des États-Unis (ayant fait ses preuves en Californie, en Oregon et dans l’État de Washington) pour analyser les données sismiques dans le but de déterminer l’origine et la magnitude du tremblement de terre. Le système est également en mesure d’estimer la force que pourraient avoir les secousses dans la région. Les capteurs peuvent détecter d’importants tremblements de terre avec une telle rapidité (en quelques secondes à peine) qu’il est possible pour un grand nombre de personnes de recevoir une alerte avant l’arrivée des ondes S.

Tournés vers l’avenir

Une petite équipe d’employés dévoués de RNCan travaille à ce système, de concert avec des représentants des gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux, des Premières Nations, des exploitants d’infrastructures essentielles et de diverses entreprises, y compris le transporteur BC Ferries, dont les gares pour traversiers situées le long de la côte de la Colombie-Britannique seront munies de capteurs sismiques.

Dans le futur, si vous habitez l’une des zones sismiques du Canada et que vous recevez une alerte provenant d’un système d’ASP, rappelez-vous : vous devez vous baisser, vous abriter et vous agripper jusqu’à ce que les secousses cessent.

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