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Protéger les forêts du Canada contre des visiteurs indésirables – les ravageurs

Février 2021

Les forêts canadiennes sont menacées, et certains envahisseurs portent des noms qui semblent tout droit sortis de bandes dessinées : Anoplophora glabripennis, Agrilus planipennis et Tetropium fuscum, aussi connus sous les noms de longicorne asiatique, d’agrile du frêne et de longicorne brun de l’épinette. Ces insectes sont passés maîtres dans l’art de la tromperie, présentent des risques connus d’invasion par les airs et font partie de certaines des espèces envahissantes les plus destructrices jamais vues au Canada.

Les ravageurs envahissants ne font pas peur à l’équipe de superhéros scientifiques du Canada qui travaille à protéger la santé des végétaux pour les générations futures.

Les ravageurs envahissants peuvent présenter un tel danger qu’on a créé une équipe d’experts composée de représentants de tous les ministères fédéraux pour les combattre. Meghan Noseworthy, responsable de la recherche scientifique au sein du Service canadien des forêts (SCF) de Ressources naturelles Canada, dirige l’équipe de recherche phytosanitaire du Centre de foresterie du Pacifique. Elle travaille avec Mireille Marcotte, gestionnaire nationale de l’Unité de surveillance phytosanitaire de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), organisation responsable de la protection des végétaux au pays. Leur mission? Aider à préserver la santé des végétaux pour les générations à venir.

Pourquoi maintenant?

Les méthodes traditionnelles de lutte antiparasitaire et d’éradication des ravageurs sont confrontées à des défis – en particulier, l’utilisation de pesticides à traitement unique ou fumigants. La prévention mise maintenant sur de nouvelles connaissances scientifiques, se donnant pour objectif d’empêcher d’abord et avant tout l’entrée au pays des ravageurs.

« Nous fournissons des données scientifiques pour aider à réduire le risque de propagation des phytoravageurs dans le monde. Ce faisant, nous protégeons les forêts canadiennes, l’économie et la santé des végétaux dans le monde », explique Meghan. Une meilleure compréhension de la biologie des insectes, des écosystèmes forestiers, des produits du bois, du commerce international et des modes de transport pourrait contribuer à réduire leur propagation.

Ces ravageurs se propagent rapidement; ils sont déterminés, car ils luttent pour leur survie. « C’est pourquoi cette équipe doit repérer très tôt les infestations afin qu’on puisse intervenir pour les contrer », déclare Mireille de l’ACIA. « Dans certains cas, il s’agit de prendre des mesures avant même qu’un vilain ravageur ne franchisse la frontière. »

Mireille fait parfois partie des premières personnes à détecter la présence d’un ravageur envahissant au Canada. Elle avertit alors le SCF, et l’équipe d’entomologistes, d’écologistes moléculaires et de mycologues se met au travail. Ces employés collaborent avec l’unité d’évaluation des risques phytosanitaires de l’ACIA dans l’optique de déterminer la vitesse de propagation des ravageurs, les dommages connexes possibles ainsi que l’existence ou non de prédateurs naturels. Par la suite, ils élaborent un plan, qui peut comprendre l’utilisation d’outils tels que des pièges à base de phéromones et l’échantillonnage de branches afin de détecter les nouvelles infestations et de suggérer des modèles économiques susceptibles d’aider les forestiers urbains dans leurs prises de décisions. D’autres fois, le plan consiste à mettre au point un insecticide botanique ou à envisager l’introduction d’une espèce parasitaire permettant de lutter contre le ravageur envahissant.

Parmi les insectes tueurs d’arbres « les plus recherchés » qui envahissent les forêts canadiennes, citons le longicorne asiatique (Anoplophora glabripennis), l’agrile du frêne (Agrilus planipennis) et le longicorne brun de l’épinette (Tetropium fuscum). On estime qu’ils sont arrivés dans des matériaux d’emballage expédiés d’Asie. Source: Taylor Scarr, RNCan, Stephanie Sopow, RNCan, bugwood.org.

Comment ces insectes arrivent-ils ici?

Ils arrivent par avion, par train, par voiture ou par navire de marchandises. Bref, les ravageurs envahissants se sont pas des voyageurs bien exigeants. Les ravageurs se déplacent principalement grâce au commerce international. Ils peuvent facilement se dissimuler dans les racines de plantes importées sans être détectés, ce qui rend la réglementation difficile. Par exemple, les œufs de charançons, qui se nourrissent de racines, peuvent être difficiles à voir, même sur des plantes à racines nues. Une voie d’entrée au Canada nouvellement reconnue pour les espèces envahissantes : les conteneurs d’expédition qui se trouvent à l’intérieur des véhicules de transport tels que les navires de marchandises. Par exemple, les espèces de spongieuses peuvent pondre, à l’extérieur des conteneurs d’expédition, des œufs qui feront un long voyage à travers l’océan pour ensuite éclore et se disperser dans leur nouvel environnement végétal. « On a pris des mesures pour bloquer cette voie, mais beaucoup reste encore à faire », affirme Meghan. « Le SCF et l’ACIA collaborent avec l’industrie et nos partenaires commerciaux pour favoriser la sécurité des échanges commerciaux et réduire le mouvement des phytoravageurs. » Les lignes directrices internationales, comme la Norme internationale no 15 pour les mesures phytosanitaires (NIMP), prescrivent des traitements pour les emballages en bois (p. ex. palettes et caisses) et ont considérablement réduit le nombre de ravageurs qui se déplacent à l’échelle internationale par le biais des biens échangés.

Une fois au Canada, les ravageurs peuvent se propager en se cachant dans le bois de chauffage. C’est pourquoi nous vous encourageons à le brûler dans la région où vous l’achetez. Les ravageurs envahissants peuvent même se servir des souvenirs en bois que les touristes rapportent de leurs vacances pour se déplacer.

Quel est l’enjeu?

Certains ravageurs ne sont jamais détectés, car ils trouvent leur niche et causent peu de dommages. D’autres peuvent se révéler cependant très dangereux et décimer des forêts entières. L’agrile du frêne, par exemple, a décimé des millions d’arbres en Amérique du Nord et constitue toujours une menace sérieuse pour tous les frênes existants.

Les ravageurs forestiers peuvent également mettre en péril le commerce international du Canada. Si un ravageur justiciable de quarantaine s’établit au Canada, les pays importateurs pourraient alors interdire nos produits forestiers ou exiger que nous traitions nos produits avant de les exporter, ce qui est coûteux. Le groupe de recherche phytosanitaire du SCF, en collaboration avec l’ACIA, joue un rôle important dans l’élaboration de normes internationales, et les chercheurs de RNCan effectuent un grand travail de fond pour veiller à ce que la réglementation nationale et internationale se fonde sur des données scientifiques.

Science citoyenne : regardez autour de vous

Prêts à contribuer? Qu’il s’agisse de détecter des phytoravageurs dans votre cour ou d’empêcher ces méchantes petites bêtes de s’accrocher à votre bois de chauffage, votre aide peut être utile. « C’est encore plus important pendant la COVID‑19, car les chercheurs ne peuvent pas se déplacer autant pour faire leur travail de terrain », explique Mireille. « Vous pouvez donc jeter un coup d’œil dans vos cours et vos rues et si vous remarquez des dommages inhabituels aux arbres, signalez-les aux autorités locales. »

Les spécialistes ont à l’œil le fulgore tacheté, un ravageur très destructeur et facilement reconnaissable. Photo fournie par le Département de l’agriculture de la Pennsylvanie Bugwood.org

Quel insecte apparaît ensuite sur la liste des ravageurs les « plus recherchés »?

Meghan et Mireille sont toutes deux d’accord pour dire que le fulgore tacheté se trouve au premier rang de leur liste de surveillance. Introduit en Pennsylvanie en 2014, il se propage actuellement vers le nord. Ce ravageur destructeur est en mesure de causer de graves dommages aux arbres, notamment le suintement de la sève, le flétrissement des feuilles et le dépérissement. « Nous savons qu’il arrive », dit Mireille. Et elles travaillent déjà à la prévention. « Ce ravageur est très voyant, très différent de tout ce que nous avons au Canada. Nous collaborons avec différents partenaires et intervenants pour accroître la sensibilisation à l’égard de ce ravageur dans l’espoir de le détecter tôt s’il devait entrer au Canada. » Comme dans une bande dessinée, il y a toujours un autre méchant – ou ravageur envahissant – au coin de la rue.

Pour de plus amples renseignements :

Meghan Noseworthy

Emplacement du laboratoire : Centre de foresterie du Pacifique

Superpouvoir : trouver des solutions scientifiques à des problèmes forestiers difficiles

Supercompétence : rassembler des gens pour se pencher sur des problèmes difficiles

Mission : empêcher le déplacement de ravageurs exotiques envahissants dans les produits forestiers

Ennemis jurés : ravageurs sournois en autostop

Fait scientifique amusant : certaines larves de xylophages peuvent vivre 60 ans dans du bois sec

Mireille Marcotte

Emplacement du laboratoire : Direction des sciences de la protection des végétaux

Superpouvoir : promouvoir la collaboration pour la détection précoce des phytoravageurs

Supercompétence : tirer parti des occasions qui se présentent

Mission : éduquer le public sur ce qu’il peut faire pour limiter la propagation des phytoravageurs

Ennemis jurés : les phytoravageurs

Fait scientifique amusant : une pleine lune peut accroître l’activité des moustiques de 500 %!

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