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Pourquoi des chercheurs s’intéressent-ils à un séisme qui s’est produit il y a 300 ans?

Petit indice : c’est le plus important séisme ayant touché l’est de l’Amérique du Nord? Un dossier dans lequel les arbres viennent en aide aux chercheurs

par Pierre Naud, gestionnaire des communications – Québec

Février 2020

La région de Charlevoix est reconnue comme étant la zone sismique la plus active de l’est du Canada et l’une des deux zones les plus fortement sismiques au Canada après la côte du Pacifique. Cette région du Québec est aussi le terrain de jeu de deux chercheurs de la Commission géologique du Canada : Didier Perret, géoscientifique au bureau de Québec, et Greg Brooks, du bureau du Nord du Canada.

Les chercheurs Didier Perret et Greg Brooks de la Commission géologique du Canada

Les chercheurs Didier Perret et Greg Brooks de la Commission géologique du Canada

Ils utilisent diverses techniques afin d’étudier l’histoire sismique de Charlevoix, particulièrement le tremblement de terre historique survenu en 1663. À l’aide de forages, de camions vibrateurs et d’analyses géotechniques, ils analysent les dépôts géologiques laissés par d’anciens séismes.

En effet, ils arpentent les berges de la rivière du Gouffre à la recherche de troncs d’arbres ensevelis lors de grands glissements de terrain ayant pu être provoqués par des séismes, dont le désastre naturel de 1663. Ces vieux troncs d’arbres sont essentiels à la datation des glissements de terrain. L’équipe s’affaire à prélever soigneusement quelques anneaux extérieurs de troncs bien conservés. Ces échantillons sont par la suite envoyés à un laboratoire pour obtenir une datation au carbone qui leur révélera quand chaque échantillon a été enseveli.

Un tremblement de terre de magnitude 7,5 a secoué ce qui est aujourd’hui le Québec

« La magnitude du séisme de 1663 a été estimée à environ 7,5 et a provoqué d’immenses glissements de terrain non seulement dans la vallée de la rivière du Gouffre, mais aussi jusqu’à des distances de plus de 300 kilomètres de l’épicentre, qui était probablement situé entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie », a précisé M. Perret. Ces glissements de terrain ont enseveli des arbres qui se sont déplacés avec les terres. La question que l’on se pose ici, c’est de savoir s’il y a eu des événements de magnitude similaire au cours des 10 000 derniers ans dans cette région.

« Comme les arbres que nous avons trouvés jusqu’à présent sont apparemment tous datés de 1663, il nous est permis de croire qu’avant ce séisme, il faudrait remonter à au moins 5000 ans avant de trouver un événement comparable », a ajouté M. Perret.

Des troncs d’arbres datant du séisme de 1663 sont souvent découverts partiellement enfouis dans les ravins bordant la rivière du Gouffre dans Charlevoix

Des troncs d’arbres datant du séisme de 1663 sont souvent découverts partiellement enfouis dans les ravins bordant la rivière du Gouffre dans Charlevoix

Un tel événement pourrait-il se reproduire?

Échantillon prélevé pour datation sur un tronc de bouleau retrouvé dans les berges de la rivière du Gouffre dans Charlevoix

Échantillon prélevé pour datation sur un tronc de bouleau retrouvé dans les berges de la rivière du Gouffre dans Charlevoix

Mais pourquoi s’intéresser aux arbres enfouis lors de ce tremblement de terre? Tout simplement parce que le prélèvement et la datation d’échantillons de bois et de matières organiques enterrés dans les débris des mouvements de terrain permettent aux chercheurs de préciser le danger sismique dans la région en déterminant s’il y a eu d’autres tremblements de terre majeurs. Selon les modèles utilisés pour définir le danger sismique, des séismes comparables à celui de 1663 devraient se produire en moyenne une fois tous les 1000 à 2000 ans. Ainsi, on pourrait s’attendre à ce que 5 à 10 séismes semblables aient affecté la région depuis les 10 derniers mille ans environ, c’est-à-dire depuis la fin de la dernière glaciation.

En termes concrets, à quoi peut servir ce type de recherches? Pour le chercheur Greg Brooks, le travail effectué pourrait avoir un impact direct sur la sécurité des édifices au Canada.

« En Amérique du Nord, nos informations sur les tremblements de terre sont relativement récentes », selon M. Brooks. « Afin de mieux comprendre les risques reliés aux séismes, nous devons savoir et comprendre à quels intervalles les événements sismiques majeurs peuvent survenir, quelle force ils pouvaient avoir et où ils étaient situés. »

Une manière de récolter cette information est d’étudier les anciens tremblements de terre et leurs répercussions, comme les glissements de terrain.

Pour des édifices plus résistants aux séismes

« Les données que nous recueillons dans ce type d’études sont donc d’une importance majeure, puisqu’elles contribuent à la mise à jour du Code du bâtiment du Canada », a précisé M. Brooks. Ce code inclut des dispositions visant à renforcer les édifices afin qu’ils résistent mieux aux événements sismiques, ce qui est un élément important du programme Géoscience pour la sécurité publique de Ressources naturelles Canada. Ceci contribue donc à assurer la sécurité des Canadiens.

Il ne faut d’ailleurs pas aller très loin pour constater les avancées en matière de résistance sismique des bâtiments. Tout près du lieu des recherches effectuées par nos scientifiques, à l’hôpital de Baie-Saint-Paul ainsi qu’à une école locale, nous pouvons apercevoir des structures de renforcement en forme de « X » incorporées à même les murs des bâtiments. Cette technique permet aux édifices de mieux résister aux tremblements de terre, même dans une région fortement sismique.

Il s’agit d’une des méthodes issues des nombreuses recherches en la matière pour assurer la protection des Canadiens.

Structure de résistance sismique installée dans une école de Baie-Saint-Paul

Structure de résistance sismique installée dans une école de Baie-Saint-Paul

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