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Chapitre 3 - Nord du Canada

Principales conclusions

Le climat de l'Arctique évolue à un rythme sans précédent depuis 50 ans. Au cours du dernier demi-siècle, l'Arctique canadien a été, comme d'autres régions circumpolaires, le théâtre d'importantes hausses de la température et des précipitations. Dans la dernière décennie, des hausses dans la température de l'air ont fait que le Nord canadien a vécu, dans l'ensemble, un grand nombre des années les plus chaudes de son histoire, et c'est dans l'Arctique de l'Ouest qu'on a constaté les plus fortes hausses de température. Tous les modèles de circulation générale permettent de prédire que les températures et les précipitations continueront de monter dans tout l'Arctique canadien et que c'est aux latitudes les plus élevées que se produiront les changements de température les plus importants. On continuera donc d'observer des modifications importantes de l'environn-ement physique, surtout dans la cryosphère (neige, glaciers, pergélisol et glace de rivière, de lac et de mer).

De plus en plus d'indices permettent de conclure que le changement climatique a déjà des incidences sur les systèmes écologiques, économiques et humains des régions nordiques et que des citoyens, des collectivités et des organismes ont mis en œuvre des mesures pour tenter d'en réduire les impacts nuisibles. À cause des niveaux actuels de sensibilité et d'exposition aux transformations liées au climat et des limites de la capacité d'adaptation, certains systèmes et populations nordiques sont plus vulnérables aux effets du changement climatique. Les principales conclusions sont les suivantes :

  • Les changements d'origine climatique dans la cryosphère (pergélisol, glace de mer, glace de lac et neige) ont des incidences importantes sur la conception et l'entretien des infrastructures. Une grande partie des infrastructures du Nord dépend de la cryosphère, qui fournit, par exemple, des surfaces stables aux édifices et aux pipelines, confine les déchets, stabilise les rivages et permet l'accès aux collectivités éloignées en hiver. Le réchauffement et le dégel du pergélisol nécessiteront peut-être de prendre des mesures correctives ou d'apporter des modifications aux infrastructures existantes. Les lacs et les bassins de r étention, qui dépendent de l'étanchéité du pergélisol pour retenir les matières dangereuses pour l'environnement, sont cause de préoccupations toutes particulières. La conception des principaux projets du Nord, qu'il s'agisse de structures de rétention des résidus, de pipelines, de routes ou de grands bâtiments, tient déjà compte du changement climatique. À plus long terme, les transports de mer et d'eau douce pourront se fier de moins en moins aux routes de glace et devront adopter des syst èmes de transport terrestres ou en eau libre. Les régions et les collectivités côtières deviendront davantage vulnérables à l'érosion en raison de la disparition de la glace de mer, conjuguée à une augmentation des conditions de tempêtes et à l'élévation du niveau des mers. Il faudra également modifier les infrastructures et les stratégies d'utilisation des centrales électriques à cause de l'évolution du régime de débit des rivières.
  • Au rythme du climat en évolution, la biodiversité et les aires de répartition de plusieurs espèces seront touchées par des changements, entraînant des répercussions sur la disponibilité, l'accessibilité et la qualité des ressources dont dépendent les populations humaines. Cette situation aura des effets sur la protection et la gestion des espèces sauvages, des pêches et des forêts. On observe déjà une migration des espèces vers le nord et une concurrence accrue des espèces envahissantes. Ces phénomènes continueront de transformer les communautés terrestres et aquatiques. La modification des conditions environnementales entra înera probablement l'apparition de nouvelles zoonoses et la redistribution de certaines maladies existantes, ce qui aura un effet sur des ressources économiques essentielles et sur certaines populations humaines. À cause de changements survenant dans l'habitat essentiel que représente la glace de mer, on continuera probablement d'observer une perturbation de populations fauniques, telles que l'ours blanc, à la limite sud de leur aire de répartition. Quand ces perturbations toucheront des espèces d'importance économique ou culturelle, elles auront un impact significatif sur les habitants et les économies de la région. La gestion des ressources naturelles devra assurer une adaptation proactive généralisée à ces changements.
  • La plus grande facilité de navigation dans les eaux de l'Arctique et l'expansion des réseaux de transport terrestre ou en eau douce rendront le Nord canadien moins « lointain », ce qui favorisera la croissance de plusieurs secteurs économiques, mais entraînera aussi de nombreux défis en matière de culture, de sécurité et d'environnement. Le retrait de la glace de mer, particulièrement dans la baie d'Hudson et la mer de Beaufort, et l'allongement de la saison estivale de navigation causé par le réchauffement élargiront les perspectives de trafic maritime et de passage par les eaux de l'Arctique canadien. Des mesures d'adaptation telles que l'augmentation des activités de surveillance et de maintien de l'ordre seront probablement nécessaires. La perte de glaces de mer et d'eau douce risque d'entraîner aussi le développement de ports maritimes et de réseaux routiers utilisables en toutes saisons et permettant d'atteindre l'intérieur du continent et des îles arctiques, surtout afin d'accéder à des ressources naturelles dont l'exploitation n'était pas rentable jusqu'à maintenant. Les collectivités nordiques pourraient ressentir fortement les incidences socio-économiques et culturelles de la croissance des activités économiques, dont celles associées à l'accroissement de la circulation maritime et à l'accès amélioré découlant de l'ouverture du passage du Nord-Ouest.
  • Bien qu'il soit plus difficile, dans un climat en évolution, de maintenir et de protéger les aspects traditionnels de la vie et de l'économie de subsistance dans nombre des collectivités autochtones de l'Arctique, cette situation est également susceptible d'ouvrir de nouvelles perspectives. Les résidents autochtones, jeunes et vieux, et surtout ceux, dans les collectivités les plus éloignées, qui conservent un mode de vie traditionnel reposant sur une économie de subsistance, sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique dans le Nord. L'érosion de leur capacité d'adaptation causée par les transformations sociales, culturelles, politiques et économiques déjà constatées dans bien des collectivités rendra plus difficile leur adaptation aux nouvelles conditions du milieu. Il se peut cependant que l'amélioration des perspectives économiques soit bénéfique à ces populations. Il est donc difficile de prévoir quels seront, au bout du compte, les effets de ces changements sur la vulnérabilité des personnes et des institutions.

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