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Vulnérabilité

Les impacts des récents phénomènes météorologiques extrêmes mettent en évidence la vulnérabilité des collectivités et des infrastructures essentielles du Canada au changement climatique.

Les aléas météorologiques ont causé plus de dommages durant la dernière décennie (depuis 1996) qu'au cours de toutes les années antérieures combinées. Partout dans le sud du Canada, les inondations, les vents, les tempêtes de grêle et de verglas, les ouragans, les tornades et les feux de friche causent des dommages matériels et des perturbations dans la production des biens et des services dont les coûts se calculent en centaines de millions, voire en milliards, de dollars (voir le tableau RS-3). Les longues périodes de conditions météorologiques anormales, comme les sécheresses, peuvent également entraîner des coûts économiques élevés. Six parmi les dix désastres les plus coûteux de l'histoire canadienne ont été des sécheresses (Sécurité publique Canada, 2005). Celle de 2001-2002 a fait chuter d'environ 5,8 milliards de dollars le produit intérieur brut du Canada et causé plus de 41 000 pertes d'emploi (voir le chapitre 7). Il n'est évidemment pas possible d'attribuer tel ou tel événement météorologique au changement climatique, mais ces coûts illustrent bien la vulnérabilité des collectivités et des infrastructures canadiennes au changement climatique. Leur vulnérabilité va probablement s'accentuer, car les projections des modèles climatiques prévoient une augmentation de la fréquence et de l'ampleur de plusieurs types de conditions extrêmes (voir les chapitres 2 et 9).

Tableau RS-3 : Phénomènes d'ordre météorologique (à l'exception des sécheresses) qui se sont produits récemment et qui ont été très coûteux (tiré de Sécurité publique Canada, 2005; Environnement Canada 2005; BC Provincial Government, 2003).
Event and date Region Estimated costs Deaths Injuries Evacuations Relevant chapters
Ice storm, 1998 Ontario, Quebec, Atlantic Canada $5.4 billion 28 945 17 800 2, 4, 5, 6
Saguenay flood, 1996 Quebec $1.7 billion 10 0 15 825 2, 5
Calgary hailstorm, 1991 Prairies $884 million 0 0 0 2, 7
Red River flood, 1997 Prairies $817 million 0 0 25 447 2, 7
BC/Alberta wildfires, 2003 British Columbia $700 million 3 unknown 45 000 7, 8
Toronto extreme rain, 2005 Ontario >$500 million 0 0 unknown 6
Southern Alberta floods, 2005 Prairies >$400 million 4 unknown >2000 7
Calgary hailstorm, 1996 Prairies $305 million 0 0 0 2, 7
Hurricane Juan, 2003 Atlantic Canada $200 million 8 unknown unknown 2, 4

Les phénomènes météorologiques extrêmes touchent la santé et le bien-être des Canadiens dans la mesure où ils entraînent des pertes d'emploi et de biens, des déplacements, des blessures physiques et des maladies, des troubles psychologiques et des pertes de vie. La tempête de verglas de 1998 a occasionné 945 blessures, et les feux de friche en Colombie-Britannique et en Alberta, en 2003, ont entraîné le déplacement de quelque 45 000 personnes; il s'agit là de chiffres record pour des désastres naturels au Canada (voir le tableau RS-3). De fortes précipitations après une période de sécheresse ont contribué à l'épidémie de E. coli survenue à Walkerton, en Ontario, en 2000, qui a fait sept victimes et rendu malades des milliers de personnes (voir le chapitre 6).

La capacité d'adaptation au Canada est généralement forte, mais elle est inégalement répartie entre les régions et les populations, ainsi qu'au sein de chacune d'elles.

Pays prospère avec une population très scolarisée, une technologie accessible et des institutions solides et efficaces, le Canada réunit toutes les conditions nécessaires pour s'adapter au changement climatique (voir le chapitre 10). Cependant, la capacité d'adaptation varie considérablement d'une sous-région ou d'un groupe de population à l'autre, d'où une vulnérabilité variable au changement climatique (voir l'encadré RS-3). En fait, le quatrième rapport d'évaluation du GIEC a conclu que, dans toutes les régions du monde, peu importe le degré de prospérité, certaines sous-régions, certains secteurs et certaines collectivités sont plus vulnérables que d'autres au changement climatique (Wilbanks et al., 2007).

ENCADRÉ RS-3 : Vulnérabilité et capacité d'adaptation

La vulnérabilité au changement climatique « détermine dans quelle mesure un système est touché, sans pouvoir se défendre, par les effets néfastes du changement climatique, y compris la variabilité et les extrêmes climatiques » (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, 2007, p. 21 [traduction]). Trois facteurs déterminent la vulnérabilité d'un système : 1) la nature des variations climatiques auxquelles il est exposé; 2) sa sensibilité au climat; 3) sa capacité de s'adapter au changement des conditions climatiques. Ainsi, un secteur, une collectivité ou une population peut être exposé à des variations climatiques importantes, mais il n'est considéré comme vulnérable que si ce changement pouvait avoir sur lui des impacts négatifs considérables et s'il n'a pas la capacité d'avoir recours à des mesures d'adaptation susceptibles de réduire ces impacts sensiblement.

Les recherches effectuées jusqu'à présent ont visé en grande partie à prévoir l'ampleur et le rythme des changements climatiques et à comprendre les relations entre le climat et les systèmes biophysiques, mais la caractérisation de la capacité d'adaptation est un domaine d'étude relativement nouveau. La capacité d'adaptation subit l'influence d'un certain nombre de facteurs géographiques, sociaux, économiques et institutionnels qui la limitent ou la favorisent.

Au Canada, les grands secteurs de l'économie font preuve d'une grande variabilité en ce qui concerne leur sensibilité au climat. Parmi les secteurs les plus sensibles figurent ceux qui dépendent des ressources naturelles renouvelables, notamment l'agriculture, les pêches, la foresterie et la production alimentaire non commerciale, ainsi que plusieurs aspects de l'industrie récréotouristique. La capacité d'adaptation, elle aussi, varie largement entre les secteurs, les collectivités et les populations. L'évaluation de la vulnérabilité doit tenir compte de la variabilité de tous ces facteurs.

Comme la vulnérabilité définit dans quelle mesure un système est susceptible de subir des impacts négatifs, elle fait abstraction des avantages qui pourraient découler d'un climat en évolution. Cependant, la capacité de saisir les possibilités offertes par le changement climatique est également fonction de la capacité d'adaptation. Finalement, même là où la vulnérabilité est jugée relativement faible en raison d'une forte capacité d'adaptation, elle pourrait subir des impacts négatifs majeurs si on ne met pas en œuvre des mesures d'adaptation appropriées. Beaucoup de sociétés ont beau avoir une forte capacité d'adaptation et des ressources financières adéquates, malgré tout, elles n'ont pas pris de mesures efficaces pour s'adapter au changement, à la variabilité et aux extrêmes climatiques  (Adger et al., 2007; Field et al., 2007).

Au Canada, on observe des différences de capacité d'adaptation et de perception du risque que présente le changement climatiques entre les centres urbains et les collectivités rurales ou éloignées (voir les chapitres 4 à 7). Ces deux types de milieux présentent des caractéristiques qui favorisent ou limitent la capacité d'adaptation (voir le tableau RS-4). Les villes sont un milieu riche en ressources financières où l'on trouve généralement un plus haut taux de scolarisation et plus de compétences et où l'accès aux technologies et aux institutions est plus aisé. Par contre, la population est davantage dépendante des infrastructures essentielles (énergie, transport et eau), elle est aux prises avec des stress thermiques et des problèmes de qualité de l'air plus graves et compte un plus grand nombre de gens pauvres et âgés. En conséquence, les centres urbains sont plus vulnérables sur certains plans que la plupart des collectivités rurales (voir les chapitres 5 et 6). Dans le nord du Canada, la capacité d'adaptation est limitée par un certain nombre de facteurs uniques : large dispersion de la population, gouvernance et institutions en évolution, importance de l'économie de subsistance (voir le chapitre 3). Parmi les différents groupes de population, les pauvres, les personnes âgées, les immigrants installés récemment et les Autochtones sont généralement plus vulnérables au changement climatique, car leur capacité d'adaptation est le plus souvent limitée par un ou plusieurs des facteurs suivants : ressources financières limitées, problèmes de santé et difficultés d'accès aux technologies et aux services institutionnels (voir les chapitres 2 à 9).

Tableau RS-4 : Différences générales de capacité d'adaptation entre les collectivités urbaines et rurales susceptibles d'avoir une incidence sur leur vulnérabilité respective au changement climatique (il est à noter qu'elles ne s'appliquent pas dans tous les cas; voir les chapitres 3, 6, 7 et 8).
Urban centres Rural communities
Strengths
Greater access to financial resources Strong social capital
Diversified economies Strong social networks
Greater access to services (e.g. health care, social services, education) Strong attachments to community
Higher education levels Strong traditional and local knowledge
Well-developed emergency response capacity High rates of volunteerism
Highly developed institutions  
Limitations
Higher costs of living Limited economic resources
More air quality and heat stress issues Less diversified economies
Lack of knowledge of climate change impacts and adaptation issues Higher reliance on natural resource sectors
High dependence on potentially vulnerable electricity grid Isolation from services and limited access
Aging infrastructure Lower proportion of population with technical training
Issues of overlapping jurisdictions can hinder decision-making ability  

Les collectivités tributaires des ressources et les collectivités autochtones sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques. Cette vulnérabilité est amplifiée dans l'Arctique.

L'agriculture, la foresterie, la pêche et la chasse ont une importance vitale pour le bien-être économique d'un grand nombre de sous-régions et de collectivités où la mise en valeur des terres et des ressources demeure un pilier de la vie économique. À l'échelle du Canada, plus de 1 600 collectivités tirent 30 p. 100 ou plus de leurs revenus d'emploi de ces secteurs d'activité. Les impacts économiques du changement climatique sont parfois très importants à l'échelle des collectivités (voir le chapitre 2). La vulnérabilité des collectivités tributaires des ressources au changement climatique s'explique par plusieurs facteurs : forte sensibilité au climat d'un grand nombre d'industries basées sur les ressources naturelles, diversification économique moindre et accès plus limité aux services (voir les chapitres 2 à 8).

Les collectivités autochtones, qui entretiennent souvent des liens étroits avec la terre pour des raisons de bien-être économique et culturel, sont elles aussi particulièrement vulnérables au changement climatique (voir les chapitres 3 à 8). L'économie de subsistance peut représenter jusqu'à 50 p. 100 de leur revenu total (voir le chapitre 2). Leur vulnérabilité est amplifiée dans l'Arctique, où le réchauffement climatique est plus rapide que partout ailleurs dans le monde, et l'on prévoit que ce phénomène devrait se poursuivre. Les variations de l'état du couvert glaciel et nival, et leurs impacts sur les écosystèmes, ont une incidence sur l'accès aux sources de nourriture traditionnelles, alors que la dégradation du pergélisol et l'érosion côtière touchent les infrastructures collectives (voir les chapitres 3 et 5). La capacité d'adaptation de nombreuses collectivités autochtones diminue sous l'effet de rajustements sociaux, culturels, politiques et économiques en réaction à divers stress qu'elles subissent (voir le chapitre 3). Le changement climatique aura inévitablement des impacts considérables sur les modes de vie traditionnels (voir les chapitres 3, 4, 5, 7 et 8).

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