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Conclusions - Colombie-Britannique

5.1 PRINCIPAUX MESSAGES ET THÈMES

Les répercussions du changement climatique et les coûts des phénomènes extrêmes se font de plus en plus manifestes mais les actions et les mesures d'adaptation prises pour les contrer sont strictement de nature r éactionnelle.

Même si des interactions océan-atmosphère bien connues, comme l'ENSO et le PDO, régissent les cycles climatiques à court et à long termes et les phénomènes météorologiques extrêmes en Colombie-Britannique, on a de fortes indications reliant le changement climatique plan étaire à l'augmentation de la variabilité du climat et aux phénomènes extrêmes (voir les sections 2.1 et 2.3). Au cours du dernier siècle, la province s'est beaucoup réchauffée, en toutes saisons, et les projections des climats à venir semblent indiquer que cette tendance se maintiendra, le printemps et l'hiver devenant plus humides presque partout en Colombie-Britannique, et les étés, plus secs dans le sud et sur la côte (voir la section 2.2).

Des changements de la quantité et du type de précipitations, surtout plus de pluie et moins de neige, se manifestent déjà en Colombie-Britannique. Les sécheresses persistantes sont courantes en été. Les paléoenregistrements des climats révèlent que de graves sécheresses sont survenues plus fréquemment au cours des siècles passés que dans les dernières décennies (voir la section 2.1), ce qui semble indiquer que la Colombie-Britannique peut s'attendre à plus de sécheresses graves dans les années à venir, même en l'absence de changement climatique.

La plupart des glaciers alpins de la Colombie-Britannique reculent rapidement, et nombre d'entre eux pourraient disparaître dans les cent prochaines années (voir  l'encadré 1). Ce phénomène, conjugué à la réduction de l'accumulation annuelle de neige et réchauffement des printemps, pourrait mener à un avancement des crues rapides au printemps, à un réchauffement des cours d'eau, à une diminution du débit en été et à une augmentation du débit de pointe dans de nombreux bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique (voir la section 2.4). Les répercussions sur les approvisionnements en eau actuels et futurs, la production d'hydroélectricité, les pêches et l'intégrité des écosystèmes fluviaux de la Colombie-Britannique sont très préoccupantes. Ces changements poseront de nombreux défis aux gestionnaires des ressources hydriques et autres utilisateurs, et augmenteront le risque de conflits transfrontaliers et multisectoriels concernant l'utilisation de l'eau (voir la section 3.1).

Les mouvements géologiques vont compenser ou aggraver les tendances planétaires de l'élévation du niveau de la mer sur la côte de la Colombie-Britannique. À cette élévation s'ajouteront les niveaux extrêmes d'eau de plus en plus élevés associés à des phénomènes découlant de la variabilité du climat. L'érosion plus rapide des côtes et l'inondation représenteront des risques permanents et croissants pour les collectivités et les infrastructures de la Colombie-Britannique (voir les sections 2.5 and 4.1).

La fréquence et les coûts de la plupart des phénomènes météorologiques extrêmes et des dangers naturels qui les accompagnent (p. ex., tempêtes côtières, ondes de tempête, feux de forêt, sécheresses, glissements de terrain) augmentent déjà (voir la section 2.3). En Colombie-Britannique, la plupart des mesures d'adaptation liées au climat sont des réactions à des « surprises », comme la prolifération sans précédent du dendroctone du pin ponderosa et les graves feux de forêt de 2003. Les exemples d'adaptation planifiée précisément en fonction du changement climatique sont rares, d'une part parce qu'on perçoit peu le changement climatique comme un risque pour les moyens de subsistance, les activités et l'économie de la Colombie-Britannique, d'autre part en raison du fait que, puisque la capacité disponible est restreinte, d'autres priorités se font une rude concurrence pour y avoir droit. Toutefois, comme le changement climatique n'est que l'un des nombreux facteurs de stress qui agissent sur les industries, les collectivités et les écosystèmes de la province, une approche prise en fonction d'impacts cumulatifs pourrait s'avérer plus appropriée à la planification de l'adaptation. Plusieurs exemples d'études et d'évaluations récentes du risque menées par des chercheurs, des groupes communautaires et des décideurs de la Colombie-Britannique (voir la section 4) représentent une première étape importante vers l'adoption d'une approche d'ensemble à la mise en place de mesures d'adaptation planifiées. Les collectivités dans toute la province sont de plus en plus sensibles aux répercussions actuelles et possibles du changement climatique et comprennent davantage le besoin d'avoir recours à des mesures d'adaptation et d'atténuation.

La gestion de pénuries d'eau de fréquence et de gravité croissantes impliquera des compromis complexes et exigera que le changement climatique soit davantage pris en consid ération.

Le recul des glaciers, la diminution de l'accumulation annuelle de neige, l'augmentation des sécheresses et les changements du volume et de la période des précipitations limiteront de plus en plus l'approvisionnement en eau durant les périodes de pointe de la demande aux fins de production d'hydroélectricité, d'agriculture et de fourniture d'eau potable, bien qu'une telle mesure risque d'être partiellement contrebalancée par une augmentation des précipitations dans certaines régions. Environ 78 p.100 de la population de la Colombie-Britannique dépend des eaux de surface pour l'eau potable, alors que 89 p.100 de l'électricité de la province est produite par de l'eau (voir le sections 3.1 and 3.7). ). La diminution de l'approvisionnement en eau soulèvera donc de nombreux problèmes de gestion, en particulier dans les régions à croissance rapide comme le District régional du Grand Vancouver, le District régional de la capitale (c.-à-d. Victoria et les municipalités environnantes) la région de l'Okanagan, et même dans certaines petites collectivités comme Tofino. L'augmentation des conflits entre l'approvisionnement et la demande exigera des compromis entre des usages ou des valeurs comme, par exemple, entre le maintien de d ébits minimums afin de protéger l'habitat des poissons importants pour la pêche et la satisfaction des besoins en irrigation du secteur agricole.

Depuis les années 1980, les principaux centres urbains de la Colombie-Britannique ont connu plusieurs étés de sécheresse et de sérieuses pénuries d'eau. Les approvisionnements en eau potable risquent de devenir très sollicités dans le District régional du Grand Vancouver et le District régional de la capitale. Il faudra prévoir d'importantes améliorations des infrastructures et des stratégies de gestion des approvisionnements pour l'avenir (voir la section 4.4.1). Les petites régions à croissance rapide feront face aux mêmes préoccupations (p. ex., Tofino-Ucluelet). Le District régional de la capitale a récemment entrepris des travaux importants en vue d'augmenter la capacité de stockage de sa principale source d'eau, le réservoir Sooke. Afin d'éviter d'avoir à investir dans d'importants nouveaux travaux d'infrastructure, le District régional de la capitale mettra plutôt en œuvre des mesures agressives de gestion de la demande afin de pouvoir satisfaire cette derni ère pendant au moins 50 ans. Le District régional du Grand Vancouver est également conscient des défis posés par l'augmentation de la demande et les impacts du changement climatique, et planifie en vue d'augmenter sa capacité de stockage de l'eau et d'améliorer sa gestion de la demande.

La production d'hydroélectricité de la Colombie-Britannique est présentement vulnérable à la diminution de l'approvisionnement en eau et aux modifications des débits fluviaux, surtout dans le bassin du fleuve Columbia, d'où provient plus de la moitié de toute l'hydroélectricité de la province. On s'attend à ce que, d'ici à 2025, la demande en électricité de la Colombie-Britannique ait augmenté de 30 p.100 à 60 p.100 par rapport à 2005. Les objectifs visés dans le plan énergétique de la Colombie-Britannique récemment publié prévoient de répondre à 50 p. 100 de la croissance moyenne à l'aide de mesures de conservation et d'efficacité, et de produire au moins la moitié de la nouvelle énergie au moyen de sources renouvelables, comme l'énergie éolienne, l'énergie géothermique, la biomasse et l'hydroélectricité. Le lien entre le changement climatique et l'eau va devenir un sujet de considération de plus en plus important si l'on espère parvenir à mettre en œuvre les nombreuses stratégies cruciales de production d'énergie et d'atténuation présentées dans le plan.

Les structures institutionnelles et de planification en place ne tiennent pas compte, pour la plupart, de la variabilité actuelle du climat ni du changement climatique appréhendé dans la gestion des ressources hydriques. Il est possible d'intégrer le problème du changement climatique aux processus de planification à l'échelle communautaire, d'utilisation des terres ou de gestion des ressources.

Les infrastructures essentielles de la Colombie-Britannique sont aux prises avec des probl èmes immédiats et des menaces à long terme imputables au changement et à la variabilité du climat.

Les phénomènes météorologiques extrêmes et les dangers naturels qui les accompagnent sollicitent déjà les infrastructures essentielles de la Colombie-Britannique, et ces répercussions devraient augmenter avec la poursuite du changement climatique. À bien des endroits, les infrastructures essentielles, y compris les canalisations, les lignes de transport de l'électricité et de communication et les réseaux de transport, se situent dans des vallées ou des zones côtières étroites, où elles sont vulnérables aux perturbations causées par les glissements de terrain, les tempêtes côtières, les ondes de tempêtes les inondations et les incendies de forêt. Peu de recherches concernant les impacts du changement climatique sur les réseaux d'infrastructures essentielles de la Colombie-Britannique ont été entreprises, alors que les frais d'assurances et les coûts des interventions et des sauvetages en cas d'urgence vont en augmentant (voir la section 3.8).

Des collectivités du centre et du nord, comme Prince George, signalent une augmentation des coûts d'entretien des routes et de lutte contre les inondations directement ou indirectement li és à l'évolution du climat. Les plans de gestion des eaux pluviales du District régional du Grand Vancouver tiennent maintenant compte des répercussions du changement climatique (voir la section 4.4.2).

L'analyse des coûts sur le cycle de vie, les statistiques sur les périodes de récurrence des phénomènes extrêmes et les normes d'ingénierie exercent toutes une influence sur les décisions de gestion concernant le moment et les modalités de l'entretien et du remplacement des infrastructures. La mise à jour de ces analyses, statistiques et normes de conception afin de tenir compte des répercussions et des tendances du changement climatique permettra aux gestionnaires de mieux planifier en fonction des changements à venir. Il subsiste cependant des contraintes institutionnelles étant donné que bon nombre des normes et des politiques qui guident les décisions en matière d'infrastructures n'ont recours qu'à des données climatologiques antérieures.

Les forêts, et l'industrie et les collectivités forestières de la Colombie-Britannique qui en dépendent, sont vulnérables à l'augmentation des risques liés au climat.

Le secteur forestier demeure la pierre angulaire de l'économie de la Colombie-Britannique. Les ressources forestières de la province sont vulnérables à un grand nombre de répercussions liées à l'évolution du climat, y compris les feux de forêt, les ravageurs, les maladies et les modifications subies par les écosystèmes. On prévoit que les conditions favorables aux feux de forêt vont se manifester de plus en plus fréquemment (voir les sections sections 2.3 et 3.3) et se solderont par une augmentation des risques connexes pour la santé (voir la section 3.9), ainsi que des risques d'inondations et de glissements de terrain consécutifs aux feux de friche (voir la section 3.3).

La prolifération actuelle du dendroctone du pin ponderosa (DPP) touche près de 10 p.100 du territoire de la Colombie-Britannique. Les 9,2 millions d'hectares qu'elle touchait en 2006 font qu'elle a atteint des proportions sans précédent par son étendue et sa durée (voir la section 4.2). Les activités passées de suppression et de gestion des incendies de forêt, les sécheresses des années 1990 et le réchauffement des hivers ont créé les conditions favorables à cette prolifération, qui a maintenant pénétré dans la forêt boréale du nord-est de la Colombie-Britannique; on prévoit en outre que le climat futur en favorisera très probablement l'expansion vers l'est, jusque dans la forêt boréale.

Les collectivités réagissent rapidement à l'infestation de DPP. Vanderhoof, dans le centre-nord de la Colombie-Britannique, explore des options d'adaptation afin de gérer les possibilités qui se présentent à mesure que la collectivité passera de l'économie pré-DPP à une économie post-DPP (voir la section 4.2.1). Prince George est entoure de forêts dévastées par le DPP et, comme d'autres collectivités de l'intérieur, elle connaît un regain d'activité économique grâce aux activités de récolte de récupération qui permettent un gain économique à court terme, mais auront des conséquences économiques, hydrologiques et écologiques à long terme. Les urbanistes de Prince George s'inquiètent de l'augmentation du potentiel de débordement de la rivière Nechako et du Fraser à mesure que les arbres sont retirés des bassins environnants. Un bon nombre de collectivités qui dépendent de la forêt seront confrontées à des difficultés économiques importantes une fois que l'exploitation en cours aura éliminé tous les arbres tués par le DPP, car le renouvellement de la ressource prendra près d'une génération.

Étant donné la duré de la croissance des arbres avant qu'ils soient prêts à être récoltés, il se trouve qu'une grande partie de la ressource qui va soutenir l'industrie et les collectivités forestières pendant les prochaines décennies est déjà dans le sol. Les options d'aménagement forestier sont limitées si la productivité du site est touchée et que les espèces existantes se révèlent mal adaptées aux nouvelles conditions climatiques. De même, l'industrie a beaucoup investi dans de grosses pièces d'équipement et d'imposantes installations de transformation qui sont difficiles et coûteuses à adapter. Ces longues périodes d'investissement augmentent le risque et l'incertitude du secteur et des collectivités qui en dépendent face aux répercussions du changement climatique et à des problèmes comme la concurrence du marché international.

Le ministère des Forêts et des Pâturages de la Colombie-Britannique a élaboré un projet sur les écosystèmes forestiers de l'avenir qui intègre l'adaptation au changement climatique dand la gestion des forêts (voir la section 4.2.2). Cette initiative est une première étape vers une planification forestière à long terme qui tienne compte du changement climatique en conjonction avec d'autres contraintes, notamment la concurrence internationale, la santé des forêts, l'augmentation de la fréquence des incendies de forêt et l'évolution des conditions sociales et économiques.

Les stress qui s'exercent actuellement sur les pêches de la Colombie-Britannique seront aggravés par le changement climatique.

L'importance sociale, culturelle et écologique du secteur des pêches en Colombie-Britannique dépasse de loin sa contribution relativement modeste au PIB provincial. La pêche est particulièrement importante pour les collectivités côtières et les Premières nations, attire des milliers de touristes intéressés par la pêche sportive et constitue un indicateur clé de la qualité de l'eau et de la santé de l'écosystème. La plupart des méthodes traditionnelles de capture sont stables ou en déclin, mais l'aquaculture poursuit une croissance régulière (voir la section 3.2).

Le saumon surpasse de loin les autres espèces en termes d'importance sociale, économique et culturelle en Colombie-Britannique. La pêche côtière du saumon est déjà soumise au stress d'une combinaison de facteurs, dont la perte d'habitat dans les bassins de fraye et la surpêche. Le changement climatique aggravera ce stress à mesure que les températures de l'eau s'éléveront et par l'effet indirect sur d'autres secteurs, comme l'influence de la mortalité des arbres infestés par le DPP sur l'hydrologie. La migration vers le nord d'espèces exotiques de poissons en provenance des eaux plus chaudes du sud menace déjà les saumoneaux durant les épisodes El Niño chauds. Le réchauffement de l'océan, qui se poursuivra avec le changement climatique, représente une menace plus grave et plus durable pour la pêche au saumon et autres pêches côtières.

Les populations de poissons de l'intérieur, y compris le saumon migrateur, sont sensibles aux élévations de la température et aux changements du niveau de l'eau des lacs et des rivières. Les répercussions du changement climatique sur les ressources hydriques constituent une grande préoccupation pour les pêches de l'intérieur (voir la section 4.3.3). Les garanties constitutionnelles d'accès aux pêches accordées aux Premières nations confèrent à ce secteur une certaine priorité. La gestion des conflits entre les besoins de débits minimums pour le poisson, la production d'hydroélectricité, l'irrigation et la consommation à usage domestique va probablement augmenter avec la poursuite du changement climatique et dans le cadre de n égociations de traités à venir.

L'adaptation au changement climatique du secteur des pêches consiste surtout en mesures de gestion destinées à protéger ou à améliorer les stocks. Les mesures d'adaptation possibles comprennent entre autres : réduire le taux de récolte, mieux protéger et restaurer l'habitat, augmenter la production de saumon en écloseries, attribuer des permis et régulariser les réseaux hydrologiques, promouvoir un développement accéléré de l'aquaculture et diversifier les pêches afin de tirer avantage des espèces de durées de vie courte et longue ainsi que des espèces exotiques, à mesure que les pêches monospécifiques diminueront.

Le changement climatique entraînera quelques avantages mais aussi des menaces croissantes pour le secteur agricole de la Colombie-Britannique.

Tout comme le secteur des pêches, l'agriculture ne contribue que modestement à l'économie de la Colombie-Britannique, mais ses avantages indirects et les emplois qu'elle crée sont importants. Le secteur agricole, en particulier la viticulture et la production de fruits, est un élément lucratif du tourisme dans des régions comme la vallée de l'Okanagan. L'élevage et les cultures occupent également une place importante dans de nombreuses régions rurales. Les terres qui conviennent à l'agriculture en Colombie-Britannique se limitent à environ 4,5 p.100 du territoire (environ 4,7 millions d'hectares) dont une grande partie est protégée aux termes de la réserve agricole de la Colombie-Britannique (voir la section 3.4). Dans la province, la plus grande menace du changement climatique pour l'agriculture est son effet sur les ressources en eau, dû non seulement à la rareté croissante de l'eau et aux sécheresses prolongées, mais également à la concurrence accrue que représentent les autres utilisations de l'eau. L'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, les dangers naturels qui les accompagnent, de même que les proliférations de ravageurs et de maladies, sont également des sources de préoccupation.

Le changement climatique pourrait, par contre, être bénéfique pour l'agriculture en Colombie-Britannique du fait que la saison de croissance sera plus longue et les hivers plus doux, entra înant ainsi une augmentation de l'étendue et du nombre de cultures économiquement viables que la région pourrait soutenir (voir la section 3.4). Les avantages de cette situation pourraient être diminués par des contraintes s'exerçant au niveau de la capacité réduite des sols, de l'apport en eau, des infrastructures d'irrigation et de la distance de transport vers les marchés. Les vallées isolées dont les terres sont de bonne qualité (p. ex., Bella Coola) sont susceptibles d'être celles qui en profiteraient le plus. L'adoption de nouvelles cultures potentiellement plus lucratives dans les régions agricoles existantes a également été envisagée, mais celles-ci seront confrontées à des problèmes de développement et de disponibilité de l'eau semblables à ceux qui touchent déjà les cultures en place, auxquels vient s'ajouter le risque que pose le changement climatique.

L'expérience acquise par les agriculteurs face à la variabilité du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes, aux maladies, aux pertes de récolte et aux fluctuations du marché leur a conféré une très grande capacité d'adaptation au changement climatique. Leurs stratégies comprennent à la fois des approches à court et à long termes, la diversification des cultures, le cas échéant, et de nouvelles techniques de transformation des produits agricoles. Les programmes de soutien con çus pour aider les agriculteurs à gérer les risques liés aux fluctuations du marché et les pertes occasionnelles de récolte sont une bonne protection en cas de pertes causées par la variabilité du climat et les phénomènes extrêmes, mais ils pourraient également les encourager à ne pas prendre les mesures nécessaires pour s'adapter à un changement climatique à plus long terme.

L'intégration du changement climatique à la prise de décision est une occasion de réduire les coûts et les répercussions à long terme du changement climatique sur les collectivités et l'économie de la Colombie-Britannique.

Améliorer la capacité d'adaptation et mettre en œuvre des mesures d'adaptation au changement climatique ne nécessite pas de gérer ou de planifier les ressources ou les infrastructures d'une manière totalement différente. Au contraire, il est possible d'améliorer l'efficacité et de réduire les coûts de l'adaptation aux impacts du changement climatique en intégrant les informations sur le changement climatique dans les processus de planification, de gestion et de prise de d écisions déjà en place. Les ensembles de données, les modèles de simulation et les scénarios actuels, de même que les prévisions climatiques saisonnières qui tiennent compte du changement climatique et de ses répercussions, peuvent éclairer les décisions courantes en matière de gestion et de planification (voir sections 2.1 et 2.2).

À l'heure actuelle, on tient indirectement compte du changement climatique dans divers contextes pour éclairer ou orienter les prises de décision. L'expérience de l'Okanagan illustre l'importance de transposer les scénarios du changement climatique et de ses répercussions en termes pertinents aux efforts de planification et de gestion à l'échelle régionale (voir la section 4.3.1). À Vanderhoof, on a entrepris un projet-pilote communautaire d'élaboration et de mise à l'essai de méthodes permettant d'évaluer les vulnérabilités et la capacité d'adaptation face aux changements des forêts à l'aide de modèles de simulation, de sondages et d'entrevues recueillis au sein de la collectivité (voir la section 4.2.1). De même, des chercheurs collaborent avec des conseillers, des planificateurs et des ing énieurs de la corporation de Delta afin de comprendre les répercussions des ondes de tempête et de l'élévation du niveau de la mer (voir la section 4.1.2), et la vulnérabilité de la région à ces phénomènes. Ce type de recherche communautaire est considéré comme une première étape importante de l'intégration du changement climatique dans la planification à l'échelle locale et régionaleregional planning.

Les districts régionaux les plus populeux de la Colombie-Britannique mettent en œuvre des projets de développement durable et d'atténuation du changement climatique, dont certains rendent l'adaptation avantageuse. Il s'agit entre autres de mesures de conservation de l'eau et de l'énergie, notamment la conception de caractéristiques, de matériaux, de pièces d'équipement et de procédés qui utilisent ou recyclent l'énergie et l'eau sur place. Ces pratiques réduisent les émissions de gaz à effet de serre du secteur de la construction (atténuation) et font en sorte que les infrastructures et les ressources de la ville sont moins sollicitées (adaptation).

En Colombie-Britannique, les vulnérabilités et la capacité d'adaptation varient beaucoup d'une région, d'une échelle et d'un secteur économique à l'autre.

Il existe de grandes différences entre les régions rurales et urbaines de la Colombie-Britannique en ce qui a trait à la vulnérabilité et à la capacité d'adaptation au changement climatique, différences qui tiennent essentiellement de la dépendance économique. La dépendance à l'égard des ressources naturelles est plus prononcée dans les collectivités rurales et côtières éloignées, alors que les régions urbaines jouissent d'économies plus diversifiées.

Vancouver et, à un moindre degré, Victoria ont des économies de plus en plus diversifiées, axées sur l'information, la technologie, le tourisme et le secteur des services qui s'y rattachent, en conjonction avec des volets transport, finances, ports et gouvernement. Leur d épendance vis-à-vis des ressources de la Colombie-Britannique est indirecte et, même si elle demeure importante, est largement surpassée par les moteurs économiques post industriels. Par contraste, la Colombie-Britannique rurale demeure largement tributaire des ressources naturelles, en particulier de l'exploitation forestière et de la pêche. La durabilité des collectivités rurales dépendra donc, pour une large part, de leur réaction aux changements que subiront leurs ressources de base. Cette réaction devra comporter une gestion planifiée, tant des risques que des nouvelles possibilités. On voit des collectivités s'adapter à la nouvelle économie mondiale en contournant leur dépendance vis à vis des centres métropolitains, phénomène qui révèle une capacité croissante de faire face au changement en général et de gérer la dépendance vis-à-vis des ressources en particulier (voir la section 1.4).

Dans les collectivités côtières éloignées, la résilience et la capacité d'adaptation proviennent de plusieurs sources, notamment : 1) la vigueur des institutions locales et r égionales; 2) les modes de développement social et économique à l'échelle locale; 3) la nature et l'état des infrastructures essentielles; 4) leur degré d'expérience à faire face aux phénomènes météorologiques extrêmes et l'exposition passée à d'autres formes de changement environnemental et socio-économique. En outre, la diversification en matière de revenus, l'auto-suffisance, le bénévolat et un tissu social résistant et cohésif sont autant de facteurs importants qui contribuent tous, à leur façon, à la capacité des collectivités éloignées à s'adapter à des problèmes plus vastes comme le changement climatique (voir la section 4.1.1).

Des facteurs sociaux, culturels et économiques peuvent limiter la capacité d'entreprendre des mesures d'adaptation au changement climatique à l'échelle communautaire. Bon nombre de collectivités côtières et rurales de la Colombie-Britannique connaissent présentement des difficultés sociales et économiques importantes causées par des préoccupations multiples. La résilience fondée sur le capital social et une forte cohésion sociale permet à certaines collectivités de faire face à ces préoccupations, même lorsque d'autres attributs de la capacité d'adaptation sont limités (p. ex., accès au capital physique et financier, à la technologie, aux compétences et à d'autres ressources). Le principal défi, pour améliorer la capacité d'adaptation en ces lieux, sera de s'appuyer sur les initiatives qui s'attaquent actuellement aux changements économiques et environnementaux en prenant en considération le changement climatique.

5.2 RENFORCEMENT DE LA CAPACITÉ D'ADAPTATION

Les mesures visant à améliorer la capacité d'adaptation doivent être pertinentes à l'échelle régionale et, souvent, s'appuyer sur des forces, des programmes et des attributs de la communauté déjà en place. Le renforcement de la capacité d'adaptation exige une communication efficace entre les collectivités, d'autres paliers de gouvernement et les chercheurs, ce qui implique à la fois de mettre en commun les connaissances et de mettre au point des outils et autres ressources à l'intention des gestionnaires responsables de la prise de décisions à l'échelle régionale et locale. Il faut transmettre l'idée et les objectifs du renforcement de la capacité d'adaptation ainsi que les informations nécessaires à une meilleure planification des ressources, des collectivités et des écosystèmes. Dans certains cas, il faudra recueillir plus d'informations; dans d'autres, c'est l'accès à ces informations, et leur diffusion, qu'il faudra améliorer. Par exemple, il serait utile de poursuivre les recherches sur les impacts du changement climatique et sur l'adaptation à ce changement dans les secteurs économiques, en particulier en ce qui a trait aux phénomènes extrêmes, ainsi que d'assurer une surveillance des principaux éléments du climat et des variables de nature environnementale (p. ex., glaciers, eaux souterraines, mesure des d ébits des cours d'eau, niveaux des eaux côtières, et érosion et sédimentation côtières océanographie, cartographie des plaines inondables, feux de friche et propagation des ravageurs).

La mise au point de méthodes et d'outils de diffusion et d'utilisation de ces données est aussi importante que l'enrichissement de la base de connaissances actuelle. Le lien vital consiste à rendre les informations accessibles en les diffusant dans un contexte et avec une formulation au diapason des probl èmes et des préoccupations de ceux qui effectueront l'adaptation, notamment les urbanistes et les ingénieurs, les gestionnaires de ressources et le secteur industriel, ainsi que les dirigeants gouvernementaux et autochtones, en d'autres mots tous ceux qui sont directement responsables de la mise en œuvre des mesures d'adaptation.

Enfin, il est important d'explorer davantage et de mieux comprendre les aspects sociaux et culturels qui étayent la gouvernance à l'échelle locale, particulièrement la composition et la fonction d'institutions locales telles que les gouvernements municipaux, les districts régionaux et les conseils des Premières nations, les instances responsables de la planification et de la santé, les services d'ingénierie et les organismes qui assurent la gestion des ressources. Les intérêts locaux et régionaux, ainsi que les institutions et les organisations qui les soutiennent, fournissent le contexte au sein duquel les politiques et les plans en mati ère d'adaptation seront présentés et mis en œuvre. Une bonne compréhension de la façon dont les institutions sont établies et fonctionnent dans le milieu local et régional constitue un élément décisif, susceptible d'avoir une incidence sur l'acquisition de nouveaux éléments d'information et de connaissances, et d'établir, en fin de compte, si les mesures d'adaptation proactives qui auront été adoptées se solderont par un succès ou un échec.

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