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CHAPITRE 1: Une introduction à l’adaptation aux changements climatiques.

Le climat de la Terre change. Certains changements sont attribuables à des variations naturelles qui surviennent depuis des millions d’années. Toutefois, les activités humaines qui émettent dans l’atmosphère des gaz retenant la chaleur réchauffent de plus en plus la planète en accentuant « l’effet de serre ».

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la température moyenne de l’air à la surface du globe devrait augmenter de 1,8 à 4oC au cours du présent siècle (GIEC, 2007). Ce rythme de changement est sans précédent au cours des 10 000 dernières années. Par conséquent, les données historiques sur le climat ne procurent plus de mesures précises pour prévoir les conditions du climat à l’avenir.

Qu’entend-on par adaptation aux changements climatiques?

En dépit de la mise en place d’importantes mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), une certaine intensification des changements climatiques est inévitable. Cela entraînera de grandes répercussions économiques, sociales et environnementales pour les collectivités canadiennes. Les Canadiens devront s’adapter s’ils veulent réduire les répercussions négatives de ces changements et tirer parti des nouvelles possibilités qui se présentent.

Photo d'un système d'irrigation sur des terres agricoles

Photo courtoisie de Agriculture et Agroalimentaire Canada

L’adaptation aux changements climatiques désigne toute mesure visant à atténuer les impacts négatifs, tout en tirant parti des nouvelles possibilités éventuelles. Elle consiste à remanier les politiques et les mesures en fonction des changements du climat observés ou prévus. L’adaptation peut être réactive, c’est-à-dire en réponse aux répercussions sur le climat, ou anticipatoire, c’est- à-dire mise en œuvre avant que celles-ci ne soient observées. Dans la plupart des cas, les mesures d’adaptation anticipatoires se révèlent moins coûteuses à long terme et plus efficaces que les mesures réactives.

L’adaptation n’est pas un nouveau concept : les Canadiens ont déjà adopté un grand nombre de stratégies pour affronter efficacement le climat extrêmement variable. Par exemple, des collectivités des Prairies ont été aménagées de façon à résister aux grandes différences de températures saisonnières. Néanmoins, la nature et l’ampleur des changements climatiques futurs poseront de nouveaux défis. Toutefois, l’adaptation est différente de par le passé en raison du fait que, grâce aux sciences, les collectivités sont désormais en mesure de prévoir une gamme de conditions climatiques éventuelles et de prendre des mesures en prévision des impacts les plus néfastes.

Photo d'ondes de tempêtes sur une petite communautée côtière

Photo courtoisie de Jerry Mouland

L’adaptation (prise de mesures à l’égard des changements climatiques) et l’atténuation (réduction des émissions de GES) sont des compléments indispensables dans la lutte contre les changements climatiques. Dans son quatrième rapport d’évaluation, le GIEC indique que ni l’adaptation ni l’atténuation ne pourront à elles seules empêcher les changements climatiques d’avoir des impacts importants mais que, ensemble, elles peuvent réduire considérablement les risques. L’atténuation est nécessaire pour réduire le rythme et l’ampleur des changements climatiques, tandis que l’adaptation s’impose si l’on veut limiter les dommages causés par les changements climatiques inévitables.

Des politiques et des mesures uniques peuvent être élaborées pour contribuer à l’atténuation et à l’adaptation. Par exemple, à mesure que le climat change, la fréquence et l’intensité accrues des pluies peuvent augmenter le volume des eaux de ruissellement et la probabilité d’inondation localisée dans les milieux urbains. La plantation d’arbres de rue est un projet que les municipalités peuvent mettre en œuvre pour réduire les eaux de ruissellement (adaptation) et accroître le stockage du carbone (atténuation).

Dans d’autres cas, il peut y avoir des conflits entre les buts d’adaptation et d’atténuation qui ne peuvent être résolus que dans un plus vaste contexte des priorités des collectivités et de la tolérance aux risques. Par exemple, l’utilisation accrue des climatiseurs peut être considérée comme une mesure d’adaptation puisqu’elle permet de réduire les problèmes de santé au cours des vagues de chaleur, lesquelles devraient être de plus en plus fréquentes à l’avenir. Toutefois, les climatiseurs sont énergivores et, selon la source d’électricité, il est probable qu’ils entraîneront une hausse des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Ainsi, dans le choix des mesures d’adaptation les plus appropriées pour une situation particulière, il faut tenir compte de la portée de cette mesure en matière d’adaptation et d’atténuation, aussi bien que de son coût, son efficacité et son acceptation auprès du public.

Pourquoi les municipalités canadiennes doivent-elles s’adapter?

En apprendre davantage sur les impacts des changements climatiques et les mesures d’adaptation prises au Canada

Page couverture de Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007

La publication Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007 présente les connaissances actuelles sur les impacts courants et futurs des changements climatiques au Canada et la capacité d’adaptation du pays. Les chapitres sur les régions présentent des enjeux clés et des exemples de projets d’adaptation menés en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec ainsi que dans les Prairies, l’Atlantique et le Nord du Canada. La section « Synthèse » renferme 10 conclusions clés à l’échelle nationale.

http://www.rncan.gc.ca/environnement/ressources/publications/impacts-adaptation/rapports/evaluations/2008/10254

Des changements graduels des conditions moyennes (température, précipitations et niveau de la mer) seront accompagnés de changements dans la variabilité du climat et la fréquence des conditions météorologiques et des phénomènes climatiques extrêmes. Les impacts des changements climatiques sont déjà évidents dans toutes les régions du pays, en particulier dans le Nord où les répercussions liées au réchauffement actuel se produisent plus rapidement que dans l’ensemble du pays.

Au nombre des impacts prévus au Canada, mentionnons la fréquence et la violence accrues des phénomènes météorologiques extrêmes (p. ex., vagues de chaleur, inondations, ondes de tempête côtières et sécheresse), davantage d’épisodes de smog et d’épidémies, le dégel du pergélisol, la perte de la glace marine dans le Nord et l’élévation du niveau de la mer. Ces impacts auront une incidence sur les municipalités, petites et grandes, rurales et urbaines, et auront des effets tant positifs que négatifs sur l’infrastructure (p. ex., transport, approvisionnement en eau, égout), les systèmes sociaux et économiques (p. ex., santé des humains, compétitivité, loisirs) et les milieux naturels (p. ex., perte de la biodiversité, dégradation de l’habitat et espèces envahissantes).

Impacts des changements climatiques au Canada

Les changements rapides prévus du système climatique poseront de plus en plus de défis de taille au Canada. Sont au nombre des principales répercussions biophysiques préoccupantes :

  • le dégel du pergélisol, qui aura des répercussions sur l’infrastructure du Nord;
  • le réchauffement et la sécheresse prolongée, rendant les forêts plus vulnérables aux incendies et aux infestations d’insectes;
  • l’assèchement accru de l’intérieur continental, une moins grande accumulation de neige et une diminution de la taille des glaciers, ce qui entraînera des pénuries d’eau pour l’agriculture, les installations hydroélectriques, le transport, l’approvisionnement en eau municipale et autres;
  • la hausse de la fréquence des vagues de chaleur et des épisodes de smog, causant la morbidité et la mortalité, en particulier dans les grandes villes où l’effet d’îlot de chaleur accentue ces événements;
  • l’accroissement de la violence et de la fréquence de certains phénomènes météorologiques extrêmes et des risques naturels connexes, comme les inondations, ce qui aura une incidence sur les activités économiques, l’infrastructure et la santé;
  • un degré d’exposition de plus en plus élevé des côtes aux ondes de tempête en raison du nombre et de l’intensité accrus des tempêtes, combiné à l’élévation du niveau de la mer, ce qui entraînera de l’érosion et des dommages à l’infrastructure;
  • des dommages à l’habitat d’espèces vulnérables, ce qui aura une incidence sur l’économie locale et les modes de vie traditionnels de certaines collectivités.
Photo de voie ferrée sous l'eau
Photo courtoisie de Debbie Hollick

Les impacts des récents phénomènes météorologiques extrêmes mettent en évidence la vulnérabilité aux changements climatiques des collectivités et des infrastructures essentielles du Canada. Au cours des 15 dernières années, les coûts liés à ces phénomènes météorologiques extrêmes ont été plus élevés que pendant toutes les années antérieures combinées (voir l’encadré). Dans toutes les régions au Sud du Canada, les inondations, les vents, les tempêtes de grêle et de verglas, les ouragans, les tornades et les feux de friches ont causé des dommages matériels et des perturbations dans la production et la circulation des biens et des services s’élevant à des centaines de millions, voire des milliards, de dollars. La fréquence et l’intensité accrues des phénomènes météorologiques extrêmes attribuables aux changements climatiques, auront également une incidence sur l’offre et le coût des assurances ainsi que sur les pouvoirs publics qui servent d’assureurs de dernier recours.

Les administrations municipales ont un rôle unique et essentiel à jouer dans la gestion du risque que pose un climat changeant. Alors que tous les ordres de gouvernement ont d’importantes responsabilités en matière d’adaptation, les municipalités sont souvent en première ligne pour assurer une gestion efficace des risques, protéger la sécurité de la collectivité et promouvoir la durabilité économique, en raison de la nature locale de bon nombre d’impacts climatique. De ce fait, les municipalités sont en bonne position pour mettre en œuvre des mesures d’adaptation, en particulier par le truchement de processus comme la planification de l’utilisation des terres, la planification énergétique communautaire et des mécanismes comme le zonage ou la réglementation des permis. Les changements dans la variabilité du climat, comme le reflètent les événements météorologiques moins prévisibles, peuvent pour bon nombre de collectivités représenter un plus grand défi en matière de planification que peuvent l’être les changements des conditions climatiques moyennes.

Les mesures prises aujourd’hui par les municipalités et les villes en vue d’améliorer leur résilience aux changements climatiques auront une grande incidence sur leur capacité d’atteindre leurs objectifs futurs de développement durable et également d’assumer les coûts humains et économiques des impacts liés au climat. Les études de cas présentées dans ce rapport donnent plusieurs exemples de mesures à coût relativement faible que des collectivités ont prises afin de réduire les coûts des répercussions à l’avenir, notamment dans le cadre de processus de planification.

Événements météorologiques au Canada (à l’exception des sécheresses) qui se sont produits récemment et qui ont été coûteux
Événement météorologique Région Coût ($)
1998 Tempête de verglas Ontario, Québec,
Canada atlantique
~5.4 milliards
1996 Inondation au Saguenay Québec 1.7 milliard
1991 Tempête de grêle à Calgary Alberta 884 milliard
1997 Crue de la rivière Rouge Prairies 817 million
2003 Feux de friches en
Colombie-Britannique et en Alberta
Colombie-Britannique, Alberta ~700 millions
2005 Pluies extrêmes à Toronto Ontario >500 millions
2005 Inondations dans le Sud de l’Alberta Alberta 400 millions
1996 Tempête de grêle à Calgary Alberta 305 millions
2003 Ouragan Juan Canada atlantique 200 millions
Photo de voiture couverte par une dérive de la neige
Photo courtoisie de Ole Mikkelsen

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