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Conclusions

Le climat de l'Arctique canadien a déjà subi des changements considérables qui provoquent des effets en cascade sur les systèmes physiques, biologiques, économiques et sociaux de la région. À cause de leur dépendance envers la prévisibilité et la stabilité caractéristique de la cryosphère (neige, glaciers, glace d'eau douce et de mer, pergélisol), ces systèmes ont une sensibilité relativement élevée au changement climatique. Selon toute probabilité, les tendances climatiques actuelles vont aller en s'intensifiant et engendreront des conditions, des difficultés et des perspectives exceptionnelles d'adaptation aussi bien pour la nature que pour l'homme.

On s'attend à des changements majeurs dans toute une gamme de secteurs de ressources naturelles, dont la production d'hydroélectricité, le pétrole et le gaz, les mines, la foresterie et les pêches. À divers endroits, il faudra adapter les installations hydroélectriques au changement de régime de débit associé aux modifications du moment de survenue et du volume du ruissellement provenant de la fonte des neiges. Mais, surtout, à mesure qu'augmenteront les besoins en énergie renouvelable, il faudra envisager les répercussions de la construction de nouveaux ouvrages de retenue, surtout dans le bassin du Mackenzie, qui coule vers le nord. Les plus anciens ouvrages d'infrastructure de l'Arctique, s'ils sont construits sur du pergélisol vulnérable au dégel, devront peut-être faire l'objet d'une adaptation structurale ou opérationnelle afin de résister au dégel du pergélisol, et on constate qu'à certains endroits des mesures d'adaptation ont déjà été entreprises (voir la section 4.4). L'industrie minière, elle, doit régler la grande question du confinement des déchets. Jusqu'ici, l'industrie a toujours tablé sur l'étanchéité du pergélisol pour l'entreposage à long terme, mais, dans l'avenir, le dégel de celui-ci risque d'exclure tout recours à des méthodes d'entreposage en surface et d'imposer l'assainissement des vieux sites de stockage. Dans le cas de l'industrie du pétrole et du gaz, le changement climatique aura des effets sur l'exploration, la production et le transport. La réduction projetée de la couverture de glace de mer, par exemple, sera probablement avantageuse pour l'exploration et la mise en valeur des secteurs de l'énergie et des mines, ce qui stimulera le développement économique.

Les activités de transport maritime et fluvial devront s'adapter à la réduction de l'épaisseur et de la superficie saisonnières de la couche de glace qui recouvre les cours d'eau, les lacs et les mers. Il pourrait se révéler nécessaire, d'une part, de changer de type de navire et de voies navigables pour le transport maritime ou, d'autre part, d'accroître le transport terrestre et par barge si les routes et les franchissements sur la glace deviennent moins s ûrs. Pour le transport maritime, l'accessibilité accrue soulève, en outre, des questions importantes quant à l'utilisation internationale du passage du Nord-Ouest. En permettant aux promoteurs d'accéder à des ressources naturelles jusque-là trop isolées et de les exploiter de façon rentable, le développement du transport maritime et terrestre créerait une synergie favorisant l'exploration de ces ressources. Ces changements s'accompagneront de nouveaux risques et de nouvelles possibilités pour les établissements humains. L'arrivée de l'emploi rémunéré pourrait améliorer la capacité d'adaptation à certains impacts climatiques, cependant une participation accrue au système d'emplois à plein temps ne peut que continuer d'être liée à la tendance actuelle à l'érosion des valeurs sociales et culturelles.
Dans les secteurs de la pêche et de la foresterie, le changement de qualité et de superficie des habitats nécessitera des adaptations touchant aussi bien les stratégies de gestion que les équipements utilisés. De plus, les espèces envahissantes et les changements constatés au niveau de la biodiversité y suscitent des inquiétudes. Les deux secteurs devront modifier leurs plans de gestion durable afin de faire face à l'évolution future du climat. Comme certaines espèces sauvages essentielles de l'Arctique ressentent déjà les impacts d'un climat en évolution à la limite sud de leur aire de répartition, il pourrait être nécessaire de modifier les régimes de gestion et, éventuellement, d'apporter des changements aux limites des aires de protection. Des mesures visant à mieux comprendre et à protéger les espèces génétiquement uniques et sensibles dont l'abondance a récemment périclité, comme les hardes de caribous du centre et de l'ouest de l'Arctique, contribueront à favoriser la santé et le bien-être culturel des populations autochtones de l'Arctique.

Les impacts des extrêmes climatiques et des catastrophes naturelles qui touchent directement la santé sont très importants pour les résidents des localités les plus exposées aux forces environnementales (p. ex., sur les terres basses des zones côtières éloignées et les régions montagneuses isolées), lesquelles sont situées loin des services de santé d'urgence et dotées de plans de protection civile peu élaborés. Les personnes âgées ou souffrant déjà de problèmes de santé sont les plus vulnérables aux températures extrêmes. Parmi les populations les plus durement exposées aux effets indirects du changement climatique, nombre d'entre elles subissent déjà un stress provoqué par d'autres types de changements, de sorte qu'il devient souvent difficile d'isoler le role précis du climat. Compte tenu de l'augmentation de l'exposition associée à la consommation d'eau non traitée et des problèmes que pose l'utilisation efficace des réseaux municipaux d'assainissement des eaux dans de nombreuses petites collectivités, ces établissements sont plus vulnérables que les autres aux effets du réchauffement sur la qualité de l'eau potable. Cependant, les grandes collectivités risquent aussi de connaître des problèmes de qualité de l'eau et d'approvisionnement en eau, puisque la disponibilité, le traitement et la distribution de l'eau potable nécessitent en général une plate-forme de pergélisol stable pour servir d'assise au bassin ou au lac de rétention et, à l'heure actuelle, la stabilité de la plate-forme est en péril.
Les collectivités et les ménages les plus vulnérables aux impacts du climat sur la sécurité alimentaire sont ceux qui dépendent d'un nombre limité d'espèces comestibles traditionnelles, consomment beaucoup d'aliments traditionnels, sont situés loin des centres régionaux et ont un accès limité aux aliments du marché. Nombre de ces collectivités n'ont pas les ressources économiques nécessaires pour acheter l'équipement de chasse et de transport récent et puissant qui les aiderait à s'adapter aux nouvelles conditions environnementales. Certaines ont élaboré des mesures d'adaptation telles que des programmes d'échanges intercommunautaires, l'installation de congélateurs collecti fs et diverses modifications des comportements individuels, dans le but d'atténuer les effets déjà ressentis.

En raison de la diversité politique, culturelle et économique du Nord canadien, les collectivités sont touchées de façons différentes par le changement environnemental et y réagissent différemment. Face à nombre des impacts climatiques recensés à l'heure actuelle, il semble que les grandes municipalités et leurs résidents présentent une vulnérabilité moins prononcée que les petites collectivités isolées. En règle générale, les grandes municipalités sont moins exposées aux risques climatiques et ont une meilleure capacité d'adaptation (p. ex., un meilleur accès aux ressources économiques, à la technologie, à l'infrastructure et aux services de santé). Cependant, les groupes et les individus qui habitent les centres régionaux dépendent de l'infrastructure municipale, elle-même sensible au changement climatique. Dans les petites localités à prédominance autochtone, beaucoup d'autres facteurs déterminent de façon plus prononcée la capacité d'adaptation, dont les connaissances et les techniques traditionnelles, le capital social, ainsi que la perception et la conscience du risque. Comme la vuln érabilité dépend de l'exposition et de la capacité d'adaptation et que ces concepts, face aux divers impacts et possibilités associés au climat, varient d'une localité à l'autre et même au sein de chaque collectivité, il est impossible de tirer des conclusions générales sur la vulnérabilité au changement climatique dans le Nord canadien.

De toute évidence, l'Arctique canadien subit déjà une évolution notable du climat qui touche presque tous les aspects de l'environnement et de la population du Nord. Beaucoup de collectivités ont déjà commencé à s'adapter. Des lacunes sur le plan des connaissances persistent cependant, surtout en ce qui a trait aux seuils correspondant à la manifestation des impacts, à la meilleure façon d'appuyer les efforts d'adaptation en cours, à l'identification des endroits où l'adaptation demeure impossible et à la détermination des limites s'appliquant aux stratégies d'adaptation propres à certaines localités et à certains groupes spécifiques. En renforçant la compréhension dans ces domaines, il sera possible à l'avenir d'appuyer d'une façon plus avisée la prise de décisions à leur égard.

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